La polémique autour de Street View continue. Si plusieurs pays surveillent de près le service de Google, la Suisse est passée à l’étape suivante en assignant le géant américain devant les tribunaux. Selon le préposé fédéral helvète en charge du dossier, Google n’aurait pas répondu aux exigences liées à la vie privée suisse.

En août dernier, le Préposé Fédéral à la Protection des Données et à la Transparence (PFPDT), Hanspeter Thür, avait lancé un avertissement sans frais au géant américain. Si Google ne faisait pas un réel effort pour prendre des mesures immédiates et répondre ainsi aux exigences helvètes en matière de vie privée, alors cela allait manifestement devant le tribunal. La Suisse « exige de Google Inc de retirer immédiatement le service en ligne de Google Street View » avait alors déclaré le fonctionnaire.

Finalement, le préposé suisse est allé jusqu’au bout de sa démarche, puisque Hanspeter Thür a annoncé aujourd’hui dans un communiqué avoir porté l’affaire devant le tribunal administratif fédéral après le refus de Google de se plier aux exigences locales. Pour mémoire, le PFPDT considère que le projet de l’entreprise américain empiète beaucoup trop sur la vie privée de ses concitoyens, ne respectant pas non plus les conditions fixées par le préposé.

« Dans sa réponse écrite du 14 octobre, Google a en grande partie refusé de se conformer aux recommandations » soumises par la Commission suisse de protection des données, explique Hanspeter Thür. « Pour ces raisons, le FDPIC [la Commission, ndlr] a décidé de prendre d’autres mesures et d’engager une action judiciaire devant le tribunal administratif« . Selon le PFPDT, malgré les assurances de Google sur sa technique de floutage, beaucoup trop d’images montrant des visages ou des plaques d’immatriculations sont visibles sur le site.

Parmi les recommandations du préposé, refusées par Google, nous retrouvions la question des « endroits sensibles [dans une ville], comme les abords des hôpitaux, des prisons ou encore des écoles« , où l’effort de floutage devait être accentué. Hanspeter Thür s’est également inquiété de la hauteur des caméras utilisées par l’entreprise américaine pour filmer, estimant qu’elles peuvent manifestement voir au-dessus des clôtures, des murs et des haies. « La vie privée dans des zones fermées, comme des jardins ou des cours, n’est plus garantie« .

Réagissant à la nouvelle, Google  » s’est dit totalement convaincu de la légalité  » de son service en Suisse. En attendant le procès, le réseau Street View continue son inexorable progression, avec l’arrivée toute récente du Mexique ou encore Hawaii.

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