Le piratage ira-t-il jusqu’à menacer le monde du football ? C’est ce que pense le chef de la Premier League, le championnat britannique de football. Dans une tribune, il a apporté son soutien au projet de loi sur l’économie numérique, qui vise à installer la riposte graduée. En effet, le Royaume-Uni serait le premier pays en matière de piratage télévisuel, grévant ainsi les revenus astronomiques générés par les droits de diffusion du football.

Dans une tribune publiée la semaine dernière dans le Guardian, le directeur exécutif du championnat d’Angleterre de football, Richard Scudamore, a apporté son soutien au projet de loi sur l’économie numérique défendu par le secrétaire d’Etat Peter Mandelson. Intitulé « Call it by its name – this is theft » (appelez-le par son nom – c’est du vol), la diatribe du responsable de la Premier League se concentre sur le rôle des FAI. Il est essentiel que la loi oblige les fournisseurs d’accès à prendre des mesures concrètes contre les pirates.

« Sans la protection conférée par ce projet de loi – c’est-à-dire l’obligation pour les FAI de prendre des mesures contraignantes contre les internautes partageant illégalement des fichiers en toute impunité -, le marqueur du vol n’est même pas posé, l’éducation des consommateurs ne peut toujours pas commencer, les entreprises ne peuvent pas commencer à développer de nouveaux modèles économiques, car le marché ne fonctionne pas correctement, et surtout le niveau actuel des investissements permettant de créer des emplois et de dénicher des talents sera perdu. Dès lors, le coût réel du vol numérique deviendra apparent« .

Sauf que les signaux envoyés depuis plusieurs années par l’industrie culturelle sont contradictoires. Nous l’avions d’ailleurs souligné la semaine dernière, dans un article dédié à Sony Pictures. La société annonçait fièrement avoir battu tous ses records au box-office, faisant de 2009 sa meilleure année de tous les temps. Or, un mois auparavant, le directeur exécutif du studio de cinéma publiait une tribune dans le Times Online où il accusait le piratage sur Internet de tuer l’industrie cinématographique. Dès lors, comment convaincre l’internaute de revenir dans l’escarcelle des ayants droit ?

Ce que semble oublier Richard Scudamore, c’est que le changement viendra des industries culturelles, et de personne d’autre. Les lois répressives n’ont pas d’effet à long terme. Le patron de la Premier League a ainsi estimé que près de 25 % des programmes TV britanniques étaient piratés, faisant du Royaume-Uni le premier pays en matière de piratage télévisuel. Mais qu’en est-il des offres proposées par les ayants droit ? Si les internautes ne sont pas fondamentalement réticents pour consommer du contenu proposé par les ayants droit, encore faut-il que des solutions crédibles existent. Sinon, il ne faut pas s’étonner de voir les fans de football opter pour des solutions de streaming.

Si Richard Scudamore veut absolument lutter contre le piratage, il devrait dès à présent soutenir les yeux fermés la mise en place d’une version britannique d’Hulu. En effet, puisque ce dernier ne fonctionne pas légalement en dehors des frontières américaines, sans doute faudrait-il songer à se prendre en main et à développer des solutions locales, quitte à uniformiser les différentes plates-formes plus tard.

Le piratage est un faux-problème. Il est surtout le révélateur de l’inaction et des dérives de l’industrie culturelle. On les prétend mourantes, et pourtant elles parviennent quand même à survivre, à s’adapter et même à gagner de l’argent. L’exemple de Sony Pictures en est la démonstration la plus éclatante. Et tout cela a bien fonctionné sans avoir eu besoin de déconnecter massivement les internautes ou en les menaçant de procès.

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