De tous les hommes politiques de droite, Frédéric Lefebvre aura sans doute été l’un des plus actifs au sujet de la loi Hadopi et du contrôle du net, n’hésitant pas à établir un parallèle audacieux entre riposte graduée et identité nationale pour souligner toute l’importance d’un tel projet de loi. « Si j’ai parlé de la ‘Douce France’, c’est parce que je pense que dans le débat sur l’identité nationale, il y a aussi le débat sur l’identité culturelle. Le texte qui a été voté, sur Hadopi, qui a fait tant parler, qui défend l’exception culturelle française, c’est une forme de défense de l’identité nationale » avait-il alors déclaré.
Déjà l’année dernière, Frédéric Lefebvre avait été jusqu’à peindre un bien sombre tableau pour justifier un contrôle du web par le CSA : « l’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? […] Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde« .
De ce fait, au regard de l’énergie déployée pour faire passer Hadopi dans la législation française, on s’attendait évidemment à voir Frédéric Lefebvre être irréprochable sur la question du droit d’auteur dans la sphère numérique. Surtout que le principal intéressé a prêté serment le 22 octobre dernier comme avocat au barreau de Paris. Malheureusement, depuis le fameux débat télévisé organisé sur France 3 autour du thème « Faut-il contrôler Internet ? », l’ancien parlementaire a manifestement enfreint le droit d’auteur deux fois.
La première fois, c’était justement à l’issue de l’émission « Ce soir ou jamais », animée par Frédéric Taddeï. Invité par la chaine de TV à réagir, Frédéric Lefebvre a sans surprise cherché à légitimer tout l’intérêt du contrôle du net, en particulier en avançant des arguments liés au respect de la vie privée ou encore au droit à l’oubli. Soutenu notamment par Jacques Séguéla, récent auteur d’une petite phrase devenue célèbre. L’homme politique a manifestement été satisfait de sa prestation puisqu’il a publié sur son compte Twitter un lien vers son profil Dailymotion, où il a mis en ligne l’intégralité de l’émission. Sauf qu’apparemment, jamais Frédéric Lefebvre n’a obtenu l’autorisation de France 3. Et s’il l’a eu, il n’en fait jamais mention.
Sa seconde indélicatesse avec le droit d’auteur est survenue plus récemment, avec le lancement d’un nouveau clip de campagne dédié à l’UMP. Moquée par de nombreux internautes, cette vidéo aura néanmoins eu le mérite d’atteindre son objectif : inciter les internautes à parler de l’UMP, quand bien même ce vrai-faux lipdub n’est pas à la hauteur du genre et ridiculise passablement nos hommes politiques.
Alors, lorsque Frédéric Lefebvre est tombé sur un article de Slate intitulé « le lipdub de l’UMP est un bon coup« , le politique n’a pas hésité une seule seconde et a fait ce que font des millions d’internautes quotidiennement à travers le monde : partager et diffuser du contenu. Or, jamais l’homme politique n’a semble-t-il lu les mentions légales et CGU du site et jamais ce dernier n’a obtenu l’autorisation expresse de Slate pour reproduire cet article sur son espace. Comme le souligne le site web, « on s’étonne que le porte-parole de l’UMP qui a défendu avec une telle vigueur Hadopi méconnaisse les règles les plus évidentes qui régissent le droit d’auteur« .
Comme l’avait expliqué Jean-Michel Planche il y a quelques jours, ces différents incidents montrent que Frédéric Lefebvre lui-même s’emmêle les pieds dans les fils virtuels qu’il a tissé. Mais si comme beaucoup, Frédéric Lefebvre a découvert l’économie du net, basé sur le partage et la diffusion de contenus, ce-dernier n’aura sans doute pas les mêmes ennuis que de nombreux internautes qui s’adonnent à ce genre de pratiques : coupure de la connexion Internet et amendes.
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