C’est donc fait. L’ARCEP a annoncé ce matin sa décision d’attribuer officiellement la quatrième licence mobile 3G à Free. Dans un communiqué, l’autorité des télécoms motive sa décision en expliquant avoir examiné en détail la candidature du fournisseur d’accès. Et selon le le gendarme des télécoms, « c’est au regard de l’ensemble des critères applicables que la candidature de Free mobile a été retenue« . Free sera donc bel et bien le quatrième opérateur mobile français, au côté d’Orange, SFR et Bouygues Télécom.
« L’arrivée de ce nouvel acteur devrait avoir un effet favorable sur la dynamique du marché de la téléphonie mobile, et, plus généralement, devrait être un facteur positif pour le développement des services de communications électroniques » a considéré l’ARCEP. Cependant, si Free Mobile a reçu le plein soutien du gendarme des télécoms, le nouvel opérateur doit encore répondre à certaines obligations.
« Free Mobile s’engage enfin à ouvrir commercialement son réseau mobile au plus tard deux ans après la délivrance de l’autorisation et à couvrir, d’ici huit ans, au moins 90 % de la population par son réseau 3G » a expliqué l’autorité des télécoms. Et si « Free Mobile envisage de proposer au consommateur des offres claires et innovantes à des tarifs compétitifs de nature notamment à faciliter l’accès à l’Internet mobile« , il faudra patienter : les premières offres mobiles ne devraient arriver qu’en 2012 ou 2013.
À quoi ressembleront-elles d’ailleurs ? Nul ne le sait vraiment. Toutefois, après avoir agité le milieu des fournisseurs d’accès à Internet, on imagine facilement que Free va également donner un coup de pied dans la fourmilière de la téléphonie mobile. Xavier Niel, le fondateur de l’entreprise, avait bouleversé profondément les prix du haut-débit en France en proposant un forfait tout compris à 29,99 euros : Internet, téléphonie et télévision.
Alors, lorsque le patron de Free a déclaré vouloir « diviser par deux la facture mobile d’un foyer moyen« , on espérer voir la concurrence réagir et suivre le rythme imposé par le nouvel opérateur. Et en plus du prix de l’abonnement, Free va chercher à avoir les offres les plus alléchantes du marché, en proposant par exemple l’envoi illimité de SMS ou le téléchargement de données sans aucun plafond.
La décision de l’ARCEP met également un terme au volet politique de ce dossier. On se souvient tous en effet de la petite phrase de Nicolas Sarkozy : le président de la République avait déclaré à l’époque « que le prix le plus bas n’est pas forcément le meilleur« . Une opinion qui laissait entendre que le chef de l’Etat allait intervenir personnellement dans ce dossier pour soutenir son ami Martin Bouygues, ce dernier n’hésitant pas à recourir au chantage pour empêcher coûte que coûte l’arrivée d’un vrai concurrent.
« si le gouvernement autorise un nouvel entrant à venir faire de l’ultra- » low cost » dans le mobile, il prend une lourde responsabilité. A terme, une guerre des prix peut provoquer de 10.000 à 30.000 pertes d’emplois chez les opérateurs. Ce sont des choix lourds de conséquences, surtout s’il s’agit de favoriser quelqu’un qui n’investit pas ! Sur la seule année 2008, je rappelle que Bouygues Telecom a investi 800 millions d’euros dans son réseau. En treize ans, Bouygues Telecom a créé 8.000 emplois, sans compter ceux des sous-traitants et des fournisseurs, et investi plus de 6 milliards d’euros pour son réseau » avait-il alors déclaré.
Mais là où Bouygues Télécom détruira des emplois, Free Mobile en crééra d’autres. Et si la société de Martin Bouygues refuse d’embaucher pour faire pression sur le gouvernement, nul doute qu’Iliad saura recruter tous ces cadres, techniciens et commerciaux. C’est d’ailleurs ce qu’avait estimé Edouard Barreiro, le responsable TIC de l’UFC-Que Choisir. Dans une interview donné au Point, il déclarait ainsi : « Il est certain que Free pourra faire de meilleures offres, apporter de l’innovation, et les emplois qui pourraient être perdus par les autres seront largement compensés par les créations d’emplois chez Free« .
Du côté de la justice en revanche, tout n’est pas encore terminé pour Free. Rappelons que SFR et Bouygues Télécom ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat, contestant les conditions d’attribution de cette quatrième licence 3G, facturée 240 millions d’euros. Cependant, les deux opérateurs semblent oublier que s’ils ont payé plus cher (619 millions d’euros), c’est parce qu’ils ont obtenu une licence complète de 15 MHz. Free, lui, n’aura qu’un tiers (5 MHz). Dès lors, il semble justifié d’adapter le prix en fonction de l’importance de la licence.
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