Considérant les tatouages numériques trop chers, Sony Pictures a préféré abandonner la distribution des screeners aux professionnels du cinéma, une pratique pourtant courante, en particulier lors de festivals ou de cérémonies, comme les Oscars. Mais en prenant une telle décision, Sony Pictures a également supprimé les chances de voir un de ces films être récompensés aux Oscars.

Avant de prendre sa retraite en 2004, l’un des derniers combats de Jack Valenti lorsqu’il était encore à la tête de la MPAA concerna les DVD screeners. Réalisées avant ou pendant l’exploitation du film en salles, ces copies étaient destinées aux professionnels de l’industrie cinématographique (distributeurs, critiques, producteurs, membres d’un jury de festival…)Évidemment, hormis un cercle restreint de personnes autorisées, les screeners avaient pour vocation de rester confidentiels.

Cependant, ces fameuses copies ont inévitablement suscité un certain intérêt, dans la mesure où elles concernaient parfois des films qui n’étaient pas encore vendus dans le commerce ou exploités au cinéma. Les screeners ont donc souvent donné lieu à des fuites clandestines, pour finalement se retrouver sur les réseaux peer-to-peer, et donc en-dehors du circuit commercial habituel.

Pour Jack Valenti donc, la source du problème était la nature du même du screener. Pour mettre fin à ces fuites, il suffisait donc d’arrêter d’envoyer des screeners aux professionnels du cinéma. Ainsi en 2003, la MPAA annonça qu’elle allait cesser la distribution des screeners aux membres de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences en invoquant la crainte du piratage. Encore fallait-il être certain que le film en question n’était pas déjà en ligne.

L’association interprofessionnelle du cinéma américain a finalement abandonné cette interdiction, contre-productive, mais a en revanche exigé que tous les destinataires des screeners signent un contrat dans lequel ils s’engagent à ne pas les divulguer. En revanche, les studios de cinéma ont mis au point d’autres parades, comma la dégradation volontaire du son et de l’image ou la mise en place des tatouages numériques invisibles. Grâce à cette technologie, les studios de cinéma affirment qu’ils peuvent désormais localiser plus rapidement l’origine d’une fuite et remonter jusqu’à la source.

Si ce procédé est particulièrement onéreux pour le cinéma indépendant, on s’attend en revanche à voir les grands studios de cinéma à adopter systématiquement le tatouage numérique. Or, Techdirt nous apprend que Sony a préféré interdire purement et simplement la distribution des screeners du film Moon, plutôt que de tatouer son film, un procédé jugé trop onéreux par l’entreprise.

Une décision que regrettera sans doute Sony, d’autant que le film avait manifestement ses chances pour remporter un oscar. Mais la crainte du piratage a eu raison de Sony, qui a préféré ne plus soutenir son film. D’autant que des copies sans tatouage numérique circulent déjà sur les réseaux peer-to-peer. Alors à quoi bon prendre une telle décision ?

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