Nous avons plusieurs fois évoqué sur Numerama la révolution technologique et économique amorcée par les imprimantes 3D, qui « sculptent » le plastique pour sortir des objets. Jusqu’à présent, la reproduction à l’identique d’objets matériels était réservée au monde industriel, comme l’étaient autrefois les livres et la musique avant la démocratisation des photocopieuses et autres magnétophones. Aujourd’hui encore, les objets matériels sont à l’abri du piratage ou, plus simplement, de la co-création qui permet de diffuser et de reproduire des modèles d’objets créés en collaboration par les internautes, sur le modèle des logiciels libres. Mais pour combien de temps encore l’industrie conservera-t-elle son monopole ?
Le principal obstacle au développement de l’impression d’objets est bien sûr le prix de l’imprimante 3D. Les moins chères sont encore autour de 5000 dollars. Dans un précédent article sur le sujet, nous avions calculé qu’une imprimante d’objets pourrait coûter 100 dollars vers 2030, voire 2020 si l’on prend en compte le fait que le rythme de l’innovation et la baisse des coûts technologiques augmente chaque année. Mais c’était sans doute trop optimiste, puisqu’il n’y aura pas le même engoument pour l’impression d’objets que pour l’impression de textes à la maison. En attendant, un nouveau marché se développe.
Nous avions ainsi évoqué le cas de la société Dassault Systèmes, qui a ouvert en 2007 la place de marché 3DVia pour les objets 3D, placés sous licence Creative Commons. « Imaginez un monde où nous pourrions tous profiter de la puissance de la 3D, où nous pourrions créer, partager et vivre des expériences en-ligne en trois dimensions et où nous pourrions mettre nos efforts en commun pour améliorer les espaces de vie et les produits que nous utilisons au quotidien« , s’émerveillait alors Bernard Charlès, le directeur général de Dassault Systèmes.
Deux ans plus tard, la toute jeune société française Sculpteo basée à Vanves vient de lancer son site Internet qui permet à monsieur Tout-le-monde de commander des impressions d’objets 3D. Ingénieux. Il est ainsi possible de commander des objets réalisés par d’autres, ou d’uploader ses propres créations à imprimer. Et pas besoin d’être ingénieur pour réaliser ses objets. Google propose par exemple avec Sketchup un outil accessible au plus grand nombre. Il suffit de dessiner l’objet de ses rêves, d’enregistrer le fichier et de l’envoyer à Sculpteo. L’aperçu et le calcul du prix se fait automatiquement, en fonction de la taille.
Le service ne vise pas une grande révolution industrielle et sociale, comme nous l’avions imaginée avec une sorte de P2P des objets. « Pour le moment, lorsque l’internaute choisit de mettre son design en « public », donc visible dans le galerie et pouvant être commandé par d’autres internautes, il cède une licence d’utilisation à Sculpteo, pour imprimer en 3D cet objet. Par contre, les utilisateurs n’ont pas le droit de modifier le design, ils peuvent juste le commander tel quel« , reconnaît ainsi une porte-parole de Sculpteo. La société souhaite à terme donner aux designers en herbe la possibilité d’ouvrir leur propre boutique d’objets, et de recevoir des redevances à chaque impression. Quant à la modifcation des modèles, elle devrait se faire uniquement grâce à une application en ligne contrôlée par Sculpteo.
Mais il ne tient qu’à d’éventuels concurrents d’associer l’idée de Sculpteo à une vision plus « open-source » et communautaire de l’impressions d’objets. Les Playmobil et autres Légo ont du souci à se faire.
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