Le consortium MPEG LA a annoncé cette semaine qu’il renonçait à faire payer systématiquement des licences pour l’utilisation du format vidéo H.264 sur Internet, mais qu’il repoussait l’échéance au 31 décembre 2015. Pour le moment, seuls ceux qui proposent des vidéos payantes encodées en H.264 doivent se soumettre au paiement d’une licence. A partir de 2016, la redevance sera exigée y compris pour l’encodage de vidéos gratuites pour l’utilisateur, comme celles proposées sur YouTube ou Dailymotion.
Cette annonce a priori anodine n’est pas une mince affaire. Devant un conflit qui met en opposition des intérêts financiers, technologiques et idéologiques considérables, le W3C a refusé de désigner les codecs vidéo standards à utiliser avec le HTML5, qui facilite l’incrustation de vidéos dans les pages web sans utiliser le format Flash. Libre ainsi à chaque éditeur de navigateur de choisir les formats qu’il souhaite prendre en charge, et à chaque éditeur de sites web de choisir le ou les formats qu’il souhaite utiliser.
Or Google, qui possède avec YouTube le plus gros site de vidéos en ligne au monde, a choisi d’utiliser le format propriétaire H.264 plutôt qu’un format libre comme Ogg Theora. La version HTML5 de YouTube fonctionne donc avec son navigateur Chrome, qui supporte les deux formats, mais pas avec Firefox dont l’éditeur Mozilla tient à n’intégrer que des formats libres de droits.
La décision de Google est évidemment un sale tour joué à Mozilla, dont le navigateur pourrait progressivement souffrir de la comparaison avec Chrome, Internet Explorer ou Safari s’il ne fonctionne pas avec les plus gros sites de vidéos en ligne. A terme, Firefox pourrait perdre des parts de marché.
Il est donc essentiel pour elle, au nom de ses idées et pour ses besoins financiers, que l’Ogg Theora s’impose comme standard. Ce qui aurait été facilité si dès 2011 tout encodage en H.264 devenait payant. Or la décision de MPEG LA de repousser de six ans le paiement des licences pour le H.264 va considérablement l’aider à s’imposer comme standard auprès des éditeurs.
La gratuité provisoire consentie par le consortium n’est pas un cadeau, mais un piège qui se refermera sur le web et le logiciel libre en 2016.
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