En attendant la vidéo qui ne manquera pas de venir (ceux parmi vous qui souhaiteraient la réaliser peuvent trouver les vidéos intégrales des débats sur cette page), voici le texte. Le compte rendu officiel de la séance de mercredi soir nous permet de relater tel une pièce de théâtre l’énervement hilarant du député Jacques Myard dont nous vous parlions ce matin, lorsqu’il s’en est pris à Martine Billard au sujet des DNS qui seraient sous le contrôle des Américains.
Souvenez-vous, Jacques Myard est ce même député qui avait proposé de nationaliser Internet. On pensait alors qu’il voulait faire peur aux Français en faisant croire qu’Internet était aux mains des Etats-Unis. Mais vue la colère patente qu’il a exprimée hier dans un hémicycle désert, ça semble aussi sincère que borné.
La discussion partait d’une proposition de campagne de communication organisée par le gouvernement sur les risques d’escroqueries organisées par Internet. « Il y a constamment des arnaques sur Internet« , défendait M. Myard avant que Lionel Tardy et Martine Billard ne s’associent pour dire qu’il y a des arnaques partout, et qu’il n’y a pas de raison de cibler particulièrement Internet :
Mme Martine Billard. Je note une certaine constance chez M. Myard.
MÉric Ciotti, rapporteur. C’est vrai !
Mme Martine Billard. Toutefois, il a mis un peu d’eau dans son vin puisque, il y a quelque temps, il déclarait : » Aujourd’hui, le réseau Internet est totalement pourri. Il faut nationaliser ce réseau pour avoir la capacité de mieux le maîtriser ; les Chinois l’ont fait. » Certes, l’UMP est le seul parti au monde à avoir passé une convention avec le parti communiste chinois, mais j’espère que celle-ci ne prévoit pas d’appliquer les méthodes de contrôles chinoises d’Internet en France !
M. Jacques Myard. Cela n’a rien à voir !
Mme Martine Billard. M. Tardy a parlé du courrier. Pour ma part, je ferai référence aux escroqueries par téléphone, notamment en direction des personnes âgées fragiles. Pour autant, faut-il mettre le téléphone sous contrôle ? Je citerai aussi ces banques ou organismes d’assurance qui ont fait miroiter à des épargnants des taux d’intérêt mirobolants. Malheureusement, ces épargnants y ont perdu toutes leurs économies.Monsieur Myard, il y a dans toute société des personnes qui cherchent à en escroquer d’autres. Des lois existent pour limiter les escroqueries, pour condamner ceux qui les pratiquent et indemniser les victimes, mais on ne peut pas, à chaque fois qu’il y a un délit, interdire l’objet qui a servi à le commettre : ou alors, il faudrait interdire les marteaux parce que certains meurtres sont commis à coups de marteau ! Cessons de mettre en cause Internet : c’est un outil, au même titre que le téléphone ou le courrier, et qui offre de nombreuses possibilités. Si nous devons adapter nos lois, il ne faut pas incriminer Internet en tant que tel.
M. Jacques Myard. Vous dites n’importe quoi !Mme Martine Billard. Quand vous recevez un courriel qui vous annonce que vous allez faire fortune si vous renvoyez votre numéro de carte bancaire à quelqu’un qui se présente comme le fils d’un ancien chef d’Etat africain, il faut être quelque peu naïf pour y croire. Face à une telle naïveté d’un côté et à un tel appât du gain de l’autre, je crains que nous ne votions encore beaucoup de lois inopérantes !
M. le président. La parole est à M. Jacques Myard.
M. Jacques Myard. Madame Billard, si vous connaissiez le fonctionnement d’Internet, vous sauriez que les DNS sont sous souveraineté américaine et que ce n’est pas acceptable. Accepteriez-vous que l’annuaire téléphonique soit géré à Los Angeles ?
Mme Martine Billard. On ne sait déjà pas où il est géré !M. Jacques Myard. Si vous n’avez pas compris ce qu’est Internet, renseignez-vous avant d’avancer de telles accusations !
Mme Martine Billard. Vous donnez des leçons, mais vous n’avez pas participé aux débats sur les lois DADVSI et Hadopi !
S’il veut se renseigner avant de dire des âneries, on ne saurait trop conseiller à M. Myard de consulter la réponse que lui avait faite Benjamin Bayart il y a déjà deux mois.
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