Si les consommateurs se détournent de plus en plus du marché du CD physique, tous ne se portent pas pour autant vers les plates-formes légales de musiques dématérialisées. Ainsi, entre 2007 et 2009, NPD Group note que 24 millions d’acheteurs américains ont tout simplement disparu. Et pour le coup, ce n’est la faute aux réseaux peer-to-peer.

Mais où sont-ils donc tous passés ? Selon une étude menée par l’institut de recherche NPD Group, pas moins de 24 millions de consommateurs de musique ont « disparu » entre 2007 et 2009 aux États-Unis. Selon Russ Crupnick, analyste chez NPD Group, cette baisse de 21 % du nombre d’acheteurs englobe à la fois le marché du CD physique et de la musique dématérialisée.

Dans le détail, les deux secteurs n’ont cependant pas suivi la même trajectoire. En effet, c’est le marché du CD physique qui accuse la plus lourde perte, avec le départ de 33 millions de consommateurs en deux ans. Si certains d’entre eux se sont naturellement tournés vers les plates-formes légales de téléchargement, l’industrie du disque cherche à comprendre où sont passés les autres.

La faute au peer-to-peer ? Même pas. L’institut rappelle que le nombre de fichiers échangés via les réseaux P2P a considérablement baissé ces dernières années. L’année dernière, une autre étude de NPD Group avait indiqué que la quantité de titres acquis via P2P avait chuté de 6 % entre 2007 et 2008, et le nombre d’adolescents copiant de la musique a reculé de 28 %.

Pour l’institut de recherche, le peer-to-peer est moins attrayant pour beaucoup d’internautes : une qualité pas toujours au rendez-vous, l’existence de logiciels malveillants sur certains réseaux, la menace des ayants droit et surtout la concurrence de services légaux comme Pandora, Last.fm ou iLike. Alors, à qui la faute ? À la crise économique ? Sans doute en partie. Mais ce n’est certainement pas la seule explication. Car si de nombreux ménages ont sans doute réduit les dépenses dans les loisirs à cause de la crise, les internautes n’ont pas pour autant cessé de consommer de la musique. Reste à savoir comment.

Certains d’entre eux se sont probablement réfugiés dans des solutions alternatives. Les conclusions d’une étude conduite par Sandvine l’année dernière vont d’ailleurs dans ce sens. Si le P2P décline effectivement, c’est au profit des hébergeurs (RapidShare, MegaUpload…) permettant un téléchargement direct. Sandvine avait noté un bouleversement dans les habitudes des internautes : alors que le P2P s’effondre, les internautes se sont massivement portés sur le téléchargement direct et le streaming.

Cependant, tout n’est pas tout noir pour l’industrie du disque. L’institut relève que les dépenses par consommateur ont légèrement augmenté durant ce laps de temps : +2 %. Au total, les dépenses annuelles dans le domaine de la musique numérique par consommateur américain s’élèvent à 50 dollars.

Cela ne compensera pas l’absence de 24 millions de consommateurs. Du moins tant que l’industrie du disque continuera à vouloir tuer la musique légale en ligne, notamment en étouffant les services de streaming. Et dire que le prochain PDG d’Universal Music considère le CD comme un format d’avenir

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