Fondateur des licences Creative Commons, le professeur de droit Lawrence Lessig est perçu comme l’un des plus grands adversaires du droit d’auteur au monde. Il ne s’oppose pas à l’existence d’un droit d’auteur en tant que tel, mais à la manière dont il est actuellement mis en place sous la pression des industries culturelles, au mépris des droits du public et d’une certaine efficacité économique. Il milite pour la reconnaissance pleine et entière du « fair use », la doctrine qui interdit à Universal Music de bloquer la diffusion de la vidéo d’un bébé qui danse dans une cuisine, et qui plus généralement considère que toute exploitation d’une œuvre qui ne porte pas de préjudice direct à son auteur devrait être autorisée.
Lawrence Lessig intervient régulièrement dans des conférences pour alimenter ce combat pour la défense du fair use, et diffuse ses interventions sur Internet. Il est donc pour lui particulièrement ironique que certaines de ses vidéos soient censurées pour les motifs-mêmes qu’ils dénoncent. Or ça vient d’arriver pour la deuxième fois en moins d’un an.
Après celle d’avril 2009 qu’avait fait supprimer Warner Music au motif que Lessig utilisait quelques secondes de chansons remixées pour illustrer son propos, c’est une nouvelle vidéo sur le fair use que YouTube a désactivé. Elle peut encore être vue, mais sans le son. En tout cas tant que YouTube n’aura pas examiné la contre-requête que lui a fait parvenir le professeur de droit (elle reste audible sur Blip.tv).
Comme l’an dernier, il semble que ça soit sous l’effet des outils automatiques de détection des chansons copyrightées que la conférence a été supprimée. Comme l’an dernier, ça pose une nouvelle fois la question des robots utilisés comme juges du droit d’auteur.
Comment un programme informatique peut-il reconnaître si l’utilisation d’une œuvre relève ou non du fair use ?
En accentuant encore la responsabilité pénale et civile des hébergeurs, qui ne contesteront pas les demandes de retrait de contenu par craintes de représailles, l’ACTA devrait encore contraindre davantage les droits du public à plier devant les droits des industries culturelles. A moins que la responsabilité de ces industries ne soit elle-même réellement mise en cause dans les cas de dénonciations abusives.
On peut encore rêver…
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