Quel est le point commun entre la lutte contre le piratage sur Internet et les campagnes de prévention routière contre l’alcool au volant ? A priori, aucun. Sauf que c’est l’idée qui sous-tend une nouvelle campagne de lutte contre le téléchargement illicite de musique. Intitulée « The Music Matters« , elle vise à sensibiliser la population britannique sur le danger que représente le piratage des contenus culturels sur Internet, tout en rappelant l’existence de moyens légaux pour acheter de la musique dématérialisée.

Selon The Telegraph, des parallèles audacieux ont été dressés entre piratage et alcoolisme au volant lors du lancement de la campagne à Londres, il y a trois jours. C’est ce qu’a laissé entendre Niamh Byrne, un employé d’Universal Music, qui était présent lors de l’évènement. « J’ai parlé à quelques personnes quand nous mettions au point cette campagne, et cela ne va pas changer les choses du jour au lendemain » a-t-il déclaré. « Mais je pense que le point essentiel est de sensibiliser les gens« .

Soutenue par Spotify et Amazon, l’initiative a été l’occasion à quelques participants de vider leur sac. C’est le cas de Chris Morrison, de CMO Management. Selon lui, le problème du piratage est avant tout générationnel. Le résoudre est possible, mais cela prendra du temps et il faut agir très tôt, notamment à l’école. Revenant sur la décision de Radiohead de laisser les fans fixer eux-mêmes le prix qu’ils souhaitaient payer pour acquérir l’album In Rainbows, Chris Morrison a été très critique.

« Si j’étais Thom Yorke (le chanteur de Radiohead) et que quelqu’un vient sur le site et n’est pas disposé un seul centime sur un album qui a mis un an à être créé et produit, je me demanderais : pourquoi voulez-vous l’avoir ? Vous n’accordez aucune valeur à l’album, donc est-ce que vous prenez ma musique ? » Selon lui, le problème n’est pas une question de partage du gâteau, mais plutôt de se demander s’il y a un gâteau à partager. « La musique doit avoir une valeur si elle veut avoir un avenir » a-t-il estimé.

Au-delà de la question de savoir s’il est judicieux ou non de faire des « campagnes éducatives » sur les dangers du piratage, tout l’enjeu est de savoir comment sera perçu ce genre d’initiatives, notamment chez les plus jeunes. Car si un enfant peut comprendre aisément pourquoi il ne faut pas boire au volant et quels sont les risques qu’un tel comportement peut entrainer, il n’est pas certain qu’il considère pour autant le téléchargement sur Internet comme une activité néfaste.

Une étude avait été d’ailleurs menée sur ce sujet, en Suède. Les conclusions de l’enquête avaient révélé que seuls 30 % des internautes suédois âgés de 16 à 65 ans ont estimé que le téléchargement illégal revenait à du vol. Plus qu’une quelconque défiance à l’égard des ayants droit, cette enquête montre que les Suédois estiment que les problèmes de l’industrie culturelle sont avant tout un problème de modèle économique, et que ce n’est pas à la population d’abandonner de nouveaux comportements sociaux pour les beaux yeux d’une économie en déclin.

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