Il y a bien une attente très forte de la part des internautes. Mercredi, alors que nous demandions s’il était possible d’imaginer un Facebook libre et décentralisé, nous parlions entre autres du projet Diaspora, qui n’est encore que balbutiant. L’objectif est de fournir d’ici septembre 2010 un logiciel libre sous licence aGPL qui fonctionnera techniquement à la manière des réseaux P2P d’échange de fichiers, mais pour abriter un réseau social dont les données seront sécurisées et n’appartiendront à personne.
Le logiciel fera que chacun des membres du réseau agira comme un petit serveur personnel, qui héberge ses propres données de profil, ses images, ses messages, etc. Un système d’API permettra par ailleurs de compléter en permanence le réseau de toutes les innovations imaginées par les développeurs.
Le projet pouvait paraître un peu fou et utopique, mais il suscite une formidable attente, et a gagné en très peu de temps un financement inespéré. Les quatre étudiants de l’Université de New York à l’origine du projet s’étaient donnés 39 jours pour lever 10.000 $ de fonds à travers la plate-forme Kickstarter. L’objectif a été tenu en 12 jours. Depuis, les dons décollent et l’objectif est pulvérisé.
Alors qu’il reste encore 18 jours de levée de fonds, Diaspora a dépassé les 127.000 dollars de dons ! Le projet est devenu le plus important jamais soutenu sur Kickstarter. Il a déjà convaincu près de 3500 généreux donateurs, dont plusieurs centaines ont donné plus de 50 dollars. A l’heure où nous publions ces lignes, 41 internautes ont donné entre 350 et 1000 dollars, et près d’une dizaine ont donné plus de 1000 dollars.
Diaspora n’est donc plus un simple projet fantasmé, mais bien une véritable entreprise co-créée par ses futurs utilisateurs dès le stade de l’investissement initial.
De quoi ravir Alban Martin, qui vient de sortir la seconde édition largement réécrite de son indispensable Age de Peer, rebaptisé « Et toi tu télécharges ?« . L’auteur y analyse parfaitement l’importance prise ces dernières années par la co-création et ce qu’elle change sur le rapport des industries aux consommateurs. S’il ne vous fallait lire qu’un seul livre sur l’économie numérique, lisez celui-ci. Il n’a finalement qu’un seul défaut, c’est son nouveau titre, beaucoup trop fade par rapport à la richesse du livre, et même contraire à son contenu.
Alban démontre en effet avec une quantité impressionnante d’exemples qu’il n’est plus question de simplement télécharger, ou consommer, mais bien de participer soi-même à la création des services que l’on utilise, et aux contenus que l’on partage. Avec Diaspora, l’idée est poussée à son extrême. En partant d’un besoin commun de défendre une certaine conception de leur vie en société, les utilisateurs co-investissent pour la réalisation du projet, puis co-créent le logiciel, et co-hébergent les contenus qu’ils créent eux-mêmes.
Est-ce enfin l’arrivée du « web 3.0 » que nous avions prédit en 2007, en disant qu’il serait l’alliance du P2P et du web 2.0 ?
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