L’International Journal of Epidemiology a enfin publié les résultats intégraux, maintes fois repoussés, de la très redoutée étude Interphone sur les risques des ondes de téléphonie mobile sur la santé. L’étude pilotée par le Centre international de recherche sur le cancer sous l’égide de l’OMS avait été lancée dans 13 pays, dont la France, et visait à vérifier l’existence d’un lien entre l’usage de la téléphonie mobile et le développement de tumeurs du cerveau, du nerf acoustique et de la glande parotide.
Interrogée par l’AFP, le Dr Elisabeth Cardis qui a mené les travaux explique que « l’étude ne met pas en évidence un risque accru, mais on ne peut conclure qu’il n’y a pas de risque, car il y a suffisamment de résultats qui suggèrent un risque possible« . Ce qui donne tout de même l’impression de vouloir ménager la susceptibilité des opérateurs, déjà mis à mal par des décisions de justice qui interdisent parfois l’implantation de nouvelles antennes-relais en vertu du principe de précaution.
En fait, l’étude a fait apparaître un risque de gliome 40 % supérieur, et un risque de méningiome 15 % supérieur pour les personnes qui déclarent utiliser fréquemment leur téléphone, et qui l’utilisent généralement du même côté que la tumeur. Mais le Dr Cardis estime que « les biais et les erreurs » ne permettent pas « d’établir une interprétation causale« .
Ce ne serait donc, peut-être, qu’une simple coïncidence…
Les résultats globaux d’Interphone sont en phase avec les résultats partiaux publiés en 2008, qui étaient déjà très inquiétants. En réaction, le gouvernement français avait organisé un Grenelle des ondes, mais en écartant la responsabilité des opérateurs de téléphonie mobile.
L’accent avait tout de suite été mis sur les fabricants des téléphones mobiles, invités à réduire les émissions de leurs appareils et à favoriser l’adoption de kits main libre. Rassuré par l’Académie de Médecine qui avait publié un communiqué étrange écrit par un membre du conseil scientifique de Bouygues Telecom, le gouvernement avait clôt le Grenelle sans prendre de décision.
L’étude Interphone a porté sur des usagers de la téléphonie mobile âgés de 30 à 59 ans. 2708 cas de gliome, 2409 cas de méningiome, 1100 neurinomes de l’acoustique et 400 tumeurs de la glande parotide ont été comparés aux cas de sujets sains. 10 % des sujets, les plus intensifs, utilisaient leur téléphone au moins 30 minutes par jour.
Les chercheurs, qui redoutent des conclusions plus définitives à l’avenir, souhaitent continuer leur étude encore plusieurs années. Une autre étude à horizon 2040 a déjà été lancée auprès de 250.000 usagers dans 5 pays européens (le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède).
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