L’association américaine des maisons de disques, la RIAA, a publié mercredi un communiqué qui se félicite de l’intervention d’un certain nombre de parlementaires sensibles à sa lutte anti-piratage. Lors d’une conférence à Washington, des sénateurs et membres du Congrès à la fois démocrates et républicains ont accepté de dresser une liste de cinq pays sur lesquels le lobbying anti-piratage doit s’exercer le plus vigoureusement, et six sites d’échange de musique estimés illégaux.
Les cinq pays prioritaires pour les parlementaires sont la Chine, la Russie, le Mexique, le Canada et l’Espagne. Si les trois premiers ne sont pas très surprenants, puisqu’ils sont régulièrement cités parmi les pays qui selon les industriels respectent le moins la propriété intellectuelle, les deux derniers méritent plus d’explications.
Il est en fait reproché au Canada de ne toujours pas avoir adopté de texte équivalent à la loi DADVSI, qui interdit le contournement des mesures techniques de protection (DRM). Devant l’hostilité du public et d’universitaires influents tels que le professeur Michael Geist, le projet de loi a été plusieurs fois reporté. Le Canada a même poussé la provocation à l’encontre des ayants droit jusqu’à demander aux Canadiens ce qu’ils en pensaient. Depuis quand dans une démocratie faut-il demander aux citoyens ce qu’ils veulent ?
Le Canada est aussi coupable de plusieurs méfaits à l’encontre de l’industrie musicale. Ces derniers jours, la justice a osé dire qu’il n’était pas nécessaire pour les vendeurs de musique en ligne de payer des droits pour les extraits de 30 secondes qu’ils font écouter à leurs clients avant achat. C’est la mort des artistes que le juge a signé.
Quant à l’Espagne, son cas est encore plus sérieux. Déjà depuis longtemps sous la pression des diplomates américains, le pays est devenu un havre de paix pour le P2P. La justice espagnole a plusieurs fois jugé que le P2P était légal, aussi bien pour les utilisateurs que pour les éditeurs de sites de liens, et elle vient récemment de dire que même la diffusion de liens de streaming de matchs de sport n’était pas illicite. Elle devrait prendre exemple sur la France. Certes le marché de l’industrie musicale n’y décolle pas davantage qu’en Espagne, mais au moins la justice s’est montrée intransigeante, et le gouvernement a créé un dispositif de riposte graduée qui va tuer toute réminiscence du piratage…
Par ailleurs, la RIAA désigne dans son communiqué six sites Internet identifiés comme la « liste prioritaire » à abattre :
- Le moteur de recherche chinois Baidu ;
- Le site canadien IsoHunt ;
- Le site de musique en ligne ukrainien MP3Fiesta ;
- La plateforme d’hébergement allemande RapidShare ;
- Le forum luxembourgois RMX4U.com ;
- et bien sûr, le site de liens BitTorrent suédois The Pirate Bay ;
Si vous ne les connaissiez pas tous, remerciez la RIAA de vous les faire découvrir. Avec ses compliments.
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