En tout, ce sont une centaine de trackers BitTorrent qui ont été visés, a t-on appris hier suite à une conférence de presse de la Motion Picture Association of America (MPAA). Le plus célèbre d’entre eux, Suprnova.org, n’a pas été coupé du monde, mais son alternative Youceff.com hébergée en France a fait les frais des procédures engagées lundi par la police hexagonale. « Arjan, l’administrateur du site, n’a pas été prévenu », rapporte Michael Ingram sur Slyck. « Les premiers signes sont venus lundi après-midi quand le site a été coupé. La société d’hébergement a d’abord dit que c’était dû à un problème électrique« . Mais au même moment, CTN1 recevait la visite les hommes en uniforme dans son datacenter (en fait celui de Télécity France), porte de Paris à Aubervilliers. C’est ce que Arjan apprendra le lendemain par e-mail, sans plus d’informations. Hollandais, Arjan prévoit déjà de remettre en ligne son serveur, ailleurs.
Par ailleurs, le site ShareConnector.com, qui s’est monté et a rapidement gagné du succès après la chute du légendaire Sharereactor, a également chuté. Tout comme Youceff, le webmaster de ShareConnector résidait aux Pays-Bas. Le BREIN, la RIAA hollandaise, avait envoyé un ordre de « cease and desist » en septembre dernier, suite à quoi Shareconnector avait promis de répliquer à travers leur organisation Allied2K (voir notre actualité du 6 septembre 2004). Celle-ci est restée silencieuse et a visiblement fait chou blanc, alors qu’un autre de ses membres, Releases4U.com, est également tombé suite aux actions du BREIN. Le site était cette fois enregistré à Malte, mais Releases4U était hébergé avec Shareconnector, à Rotterdam. Mardi matin, quatre serveurs ont été saisis, huit personnes arrêtées, et onze ordinateurs ont été embarqués par l’agence d’investigation hollandaise, le tout à 9 endroits différents. La police du pays a indiqué que plusieurs suspects arrêtés faisaient partis du réseau DVD Europe, une organisation clandestine responsable de la diffusion de nombreux films, jeux-vidéo ou albums. Ensemble, Sharereactor et Releases4U proposaient environ 10.000 liens eDonkey à plus de 50.000 utilisateurs.
En Finlande, c’est FinReactor qui est tombé, tandis que le site polonais Osiolek.pl conduit désormais vers du contenu entièrement légal.
Le magazine Wired rapporte que des hubs Direct Connect auraient également été visés, mais nous n’avons pas encore pu valider cette information.
Vers la fermeture de Razorback ?
Dans la communauté francophone, aucun acteur ne semble encore avoir été visé mais les inquiétudes sont bien présentes. « Le plus simple serait quand même de nous écrire une simple lettre pour nous demander d’arrêter et je le ferai« , expliquait quant à lui Bile, l’administrateur du serveur eDonkey Razorback. « Mais les américains font toujours tout en douceur… On envoie 50 avocats et après on discute« , a t-il ajouté non sans un certain cynisme.
Ratiatum a contacté lundi Sam Yagan, le président de MetaMachine (éditeur du logiciel eDonkey), qui a préféré ne pas réagir à la vague d’actions qui s’annonçait. « Nous n’avons rien à voir avec les serveurs eDonkey« , a t-il tout de même rappelé. Pour MetaMachine, les serveurs font partie du passé du réseau, qui réside aujourd’hui entre les mains d’Overnet, sa version décentralisée. Face à ce manque de soutien et malgré un nombre croissant d’actions en faveur d’une utilisation légale d’eDonkey, l’administrateur de Razorback prévient d’une possible fermeture. « C’est particulièrement stressant et depuis quelques jours que je sais que quelque chose va nous tomber dessus, je n’en dors presque plus. Ça veut sûrement dire que c’est le moment d’arrêter.«
Depuis ses débuts, Razorback a été un soutien sans commune mesure aux actions de légitimisation du P2P entreprises par Ratiatum, en particulier de par notre chaîne de téléchargements 100% légale. Dernièrement, des tests ont été entrepris pour que Razorback uploade les fichiers de Ratiatum sur le réseau eDonkey avec une bande passante dédiée de 8Mbps, ce qui rend les téléchargements sur notre site aussi rapides que sur les sites traditionnels aux serveurs FTP engorgés. Ni sa légalité ni sa légitimité ne sont à mettre en doute. Les différents articles de presse qui ont couvert les actions contre BitTorrent et eDonkey parlent de procédures contre des « serveurs eDonkey », ce qui semble toutefois infondé. A l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun serveur n’a été retiré du réseau. Si des actions venaient effectivement à être entreprises contre des serveurs eDonkey comme Razorback, les avocats de la MPAA se baseront certainement sur la jurisprudence Napster, aujourd’hui contestée par une grande majorité de la communauté académique.
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