Fondateur de Kelkoo, de Wikio, et ancien dirigeant de NetVibes, Pierre Chappaz annonce sur son blog qu’il a reçu chez lui près de Nice la visite du secrétaire général de l’Hadopi, Eric Walter. Il était accompagné par sa directrice de communication, pour recueillir des conseils sur la stratégie médiatique à mettre en place « en prévision du début imminent des campagnes d’emails destinées à faire peur aux vilains téléchargeurs« .
Pierre Chappaz ne donne pas beaucoup de détails sur le contenu de la discussion, mais il affirme qu’Eric Walter lui « a expliqué que le logiciel de sécurisation des routeurs Wifi était enterré« . Il veut sûrement parler des moyens de sécurisation que l’Hadopi doit labelliser pour certifier l’efficacité des logiciels à installer sur les ordinateurs des abonnés à Internet, pour empêcher qu’ils puissent être utilisés pour pirater. Sans moyen de sécurisation mis en œuvre, l’abonné dont l’adresse IP a été collectée sur les réseaux P2P est présumé coupable de négligence caractérisée.
On savait déjà que la Haute Autorité avait décidé de ne pas attendre la labellisation des moyens de sécurisation pour mettre en œuvre la riposte graduée et envoyer ses premiers messages. Elle a décidé de passer en force en jouant sur une ambiguïté du texte de la loi, qui l’arrange bien. Comme nous le confiait le professeur Riguidel qui doit définir les fonctionnalités pertinentes que devront avoir les moyens de sécurisation, « les contraintes sont énormes« . Elles sont aussi bien techniques que juridiques.
Or l’information de Pierre Chappaz met en lumière les propos d’Eric Walter, qui affirmait la semaine dernière qu’il est « un peu hypocrite » d’exiger que des détails soient donnés sur les moyens de protéger son accès à Internet.
Si le passage en force de l’Hadopi ne rend pas la riposte graduée illégale (quoique), elle la rend en revanche totalement illégitime.
La visite rendue à l’entrepreneur, connu pour ses talents marketing, confirment donc que l’essentiel du travail de l’Hadopi sera de communiquer pour faire suffisamment peur à la ménagère inquiète d’imaginer son fils télécharger illégalement. Mais pas trop pour ne pas faire passer l’Hadopi pour une organisation totalitaire. Comme nous le rappelle PC Inpact, l’Hadopi a lancé fin 2009 un appel d’offres qui vise à « apporter par anticipation une réponse aux campagnes de désinformation qui pourraient être lancées » contre la riposte graduée. Le prestataire devra entre autres organiser « la visibilité de l’HADOPI sur les différents médias (nationaux, régionaux et internationaux)« , « des actions concrètes visant à renouveler et diversifier l’intérêt de tous types de presse« , la « recherche de parrains (porte-parole) susceptibles de sensibiliser le grand public au téléchargement légal et qui pourrait être sollicités lors de la campagne de communication (conférence de presse, spots radio ou télé, interviews…)« , etc.
La campagne médiatique pourra sans doute s’inspirer des actions de l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne, décidément beaucoup plus rapide dans sa mise en œuvre que l’Hadopi. L’ARJEL a notamment commencé à diffuser sur les radios des messages publicitaires qui invitent les auditeurs à vérifier sur le site de l’ARJEL la liste des sites de paris légaux et labellisés.
Un autre appel d’offres, plus récent, vise également à organiser « une campagne d’information par voie électronique« . Ce qui n’est pas sans rappeler les SPAMS envoyés par Christine Albanel lors des débats sur la loi Hadopi 1.
En matière de communication, l’Hadopi avait annoncé lors de sa rencontre du 3 juin l’ouverture d’un compte Twitter @InsidOpi, et d’un hub Viadeo. Ce dernier est quasiment inactif, tandis que rien n’a été posté sur le compte Twitter depuis plus d’un mois. La volonté affichée de communiquer avec les internautes a fait long feu. Elle aura duré trois jours.
Mais le calme précède la tempête…
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