L’actuel directeur de la rédaction du Nouvel Observateur et ancien patron de la FNAC revient sur la négociation des accords, qu’il a dirigé il y a trois ans, pour préparer la loi Hadopi. Il assure l’avoir fait « pour son pays », et dans un esprit d’homme de gauche.

Il y a trois ans, lorsqu’il était encore le patron de la FNAC, Denis Olivennes avait été désigné par Nicolas Sarkozy pour mettre fin au jeunisme, et élaborer les accords de l’Elysée sur la lutte contre le piratage. Il ne faisait aucun doute dès sa désignation que le Président de la République lui demandait de raviver la riposte graduée, qu’il avait lui-même imaginée lors de la loi DADVSI en opposition à la licence globale, mais qui fut censurée par le Conseil constitutionnel. Christine Albanel avait déclaré plusieurs mois avant les travaux de Denis Olivennes que « la solution de la riposte graduée est aujourd’hui celle du bon sens« . Dans la lettre qui lui était adressée pour encadrer la « mission Olivennes », Nicolas Sarkozy demandait à la ministre de « conclure un accord interprofessionnel permettant de dissuader efficacement et de réprimer la contrefaçon de masse« .

Trois ans plus tard, la loi Hadopi a été adoptée, plusieurs décrets ont été publiés, mais rien n’a encore été concrétisé. Et la réputation de Denis Olivennes a été quelque peu entachée. Interrogé à ce propos par Le Point, l’actuel directeur du Nouvel Observateur se défend d’avoir brouillé son image d’homme « de gauche » (prière de ne pas rire).

« J’ai fais un rapport. Mais je ne l’ai pas fait pour Nicolas Sarkozy !« , répond-t-il. « Je l’ai fait pour mon pays« .

« J’ai entendu tout le monde, y compris les socialistes et François Hollande lui-même. Cela a abouti à un accord unanime de toutes les organisations de créateurs et de tous les fournisseurs d’accès. Je l’ai fait avec le soutien des milieux culturels de gauche« , ajoute-t-il en lâchant quelques noms sous forme de cautions. « Les conclusions ont été approuvées par beaucoup de socialistes, par Jack Lang, Catherine Tasca, Robert Badinter et tant d’autres« .

Le premier a oublié depuis bien longtemps qu’il était de gauche, voire même qu’il était député. La seconde est une ancienne ministre de la Culture encore très imbibée par les lobbys culturels, dont les positions sur le droit d’auteur sont de plus en plus marginalisées au Parti Socialiste. En bout de course, elle n’avait de toute façon pas pris part aux votes des loi Hadopi 1 et Hadopi 2 au Sénat.

Quant au dernier, Robert Badinter, sa présence dans la liste des soutiens affichée par Olivennes est surprenante. Comme on peut le vérifier sur le site du Sénat, il n’avait pas voté contre la loi Hadopi 1 au Sénat, ni en première ni en deuxième lecture… mais il n’avait certainement pas voté pour non plus, contrairement à ce que l’artiste « de gauche » Pierre Arditi avait affirmé, tout comme Les Echos et d’autres journaux. Lors des débats à l’Assemblée Nationale, le rapporteur Frank Riester et Christine Albanel avaient commis la même erreur.

Il eut été étonnant qu’il en fut autrement. Comment un ancien ministre de la Justice et ancien président du Conseil constitutionnel, brillant juriste et défenseur admirable des Droits de l’Homme, aurait-t-il pu voter un texte qui fut ensuite logiquement censuré par le Conseil constitutionnel pour sa violation de la présomption d’innocence et des libertés d’expression et de communication ? Il avait ensuite clairement voté contre le projet de loi Hadopi 2.

Nous n’avons absolument rien trouvé dans nos recherches pourtant intensives qui montre un quelconque soutien de Robert Badinter à la loi Hadopi, ou même aux accords Olivennes. Sont-ce nos yeux ?

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