Jean-Luc Godard et le droit d’auteur, c’est une longue histoire. Pourfendeur de la propriété intellectuelle, il n’a jamais été un grand partisan d’une quelconque restriction de l’accès à la culture. Dernièrement, l’entretien que le réalisateur a accordé aux Inrocks, en mai dernier, lui a donné une tribune inespérée pour fustiger la loi Hadopi.
On se souvient des propos particulièrement incisifs tenus contre les droits d’auteur tels qu’ils sont appliqués aujourd’hui : « le droit d’auteur, vraiment c’est pas possible. Un auteur n’a aucun droit. Je n’ai aucun droit. Je n’ai que des devoirs » avait-il lancé. « Je suis contre Hadopi bien sûr. Il n’y a pas de propriété intellectuelle« . Un discours d’une grande modernité pour un réalisateur que ses contempteurs qualifient de vieillot.
D’aucuns auraient pu imaginer qu’en tenant de tels propos, jamais plus Godard n’approcherait un plateau de télévision. Trop dangereux d’inviter un tel énergumène. Que nenni. À l’occasion de la dernière d’Histoire de Cinéma, une émission qui ne sera pas reconduite à la rentrée, Daphné Roulier a choisi d’inviter le trublion du cinéma français.
Revenant sur la fin de l’émission, Frédéric Bonnaud, chroniqueur TV pour Europe 1 explique : « Et puis il y a eu un très très grand moment dans cette émission, c’est quand elle le branche, comme on dit, sur la question de droit d’auteur, vous savez Hadopi, tout ça, le piratage« .
« Jean-Luc Godard, pour le monde entier, c’est vraiment la figure de l’auteur de films, mais alors vraiment avec un A majuscule. La réponse est absolument géniale : Godard sur le droit d’auteur !«
Bien lui en a pris, puisque Jean-Luc Godard a pu poursuivre sa diatribe contre le droit d’auteur. Interrogé par l’animatrice sur ce thème, le réalisateur a déclaré : « pour moi, il n’y a pas de droit, il n’y a que des devoirs« . Et de faire un parallèle inattendu avec la mendicité.
« Ca m’énerve de voir les mendiants, j’aime bien leur donner par complexe de culpabilité, mais quans ils mettent « j’ai le droit de manger », j’essaie de leur dire « vous devriez mettre j’ai le devoir de manger. Aidez-moi à accomplir mon devoir, et non pas j’ai le droit de manger« .
« Dès qu’on nait, on a le devoir de manger, le devoir d’aimer, le devoir de ceci et de cela. Surtout pas droit. Alors le droit d’auteur, à fusiller tout de suite« . Difficile d’être plus explicite. Et Frédéric Bonnaud de conclure « les gens qui naturellement ont conçu la loi Hadopi apprécieront« . Nous n’en doutons pas.
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