C’est une démarche qui serait vue en France comme un appel ouvert à la corruption, mais qui paraît naturel dans le paysage démocratique américain où les lobbys agissent avec plus de transparence, ou moins d’hypocrisie. L’ASCAP, la Sacem américaine, demande à ses membres de l’aider à financer des campagnes électorales pour que les vues du « copyright » soient toujours défendues contre celles, croissantes, du copyleft et des licences libres.

Mise à jour : La fondation Creative Commons a bien sûr réagi à cette violente attaque de l’ASCAP, en niant vouloir détruire le droit d’auteur. « Les licences Creative Commons sont des licences basées sur le droit d’auteur« , rappelle un porte-parole de l’organisation à Zeropaid. « Sans droit d’auteur, ces outils ne fonctionnent tout simplement pas« . « Des dizaines de milliers de musiciens, y compris des noms comme Nine Inch Nails, les Beastie Boys, David Byrne et Snoop Dog, ont utilisé des licences Creative Commons pour partager avec le public. Ces musiciens ne cherchent pas à arrêter de gagner de l’argent avec leur musique. En fait, beaucoup des artistes qui utilisent des licences CC sont aussi membres de sociétés de gestion collective comme l’ASCAP« .

Article du 24 juin 2010 –

Alors qu’en France la Sacem est entrée dans une démarche confidentielle de dialogue avec les partisans des licences libres, la Société Américaine des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique (ASCAP) a décidé d’entrer dans une logique d’affrontement direct. Dans un courrier communiqué par l’artiste Mike Rugnetta et repris par Boing Boing, la société de gestion collective américaine demande à ses membres une aide financière pour combattre ceux qui promeuvent la libre diffusion de la musique dans l’univers numérique.

« A cet instant, nous faisons face au plus grand défi de notre histoire. Beaucoup de forces parmi lesquelles Creative Commons, Public Knowledge, Electronic Frontier Foundation (EFF) et des entreprises technologiques avec des moyens financiers importants se mobilisent pour promouvoir le « Copyleft » de manière à ébranler notre « Copyright ». Ils disent qu’ils défendent les droits des consommateurs, mais la vérité c’est que ces groupes ne veulent tout simplement pas payer pour l’utilisation de notre musique. Leur mission est de faire savoir que notre musique devrait être gratuite« , indique la lettre.

« C’est pourquoi votre aide est vitale« , continue la lettre. « Nous craignons que nos adversaires influencent le Congrès contre les intérêts des créateurs de musique. Si nous laissons leurs points de vue gagner de l’importance, (…) nous savons tous ce qui va se passer ensuite : la musique va s’assécher, et le perdant en définitive sera le consommateur de musique« .

Elle sollicite des dons au bénéficie du Fonds Législatif pour les Arts de l’ASCAP, un lobby qui a versé plus de 145.000 dollars d’aide à des candidats aux élections législatives de 2008, et plus de 80.000 dollars cette année. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre le soutien de nos législateurs, ni en ce moment, ni pour l’avenir« , entonne la missive qui réclame un effort de guerre. « Une campagne législative de cette ampleur redemande des fonds« . L’ASCAP demande à ses membres de verser au moins 5 dollars chacun.

On ne sait pas très bien, faute d’en-tête et de signature (partie 1, partie 2), s’il s’agit d’un courrier officiel envoyé par l’ASCAP à tous ses membres, ou s’il s’agit d’une initiative isolée. Sur Twitter, l’artiste indique cependant qu’il a repris cette lettre sur la mailing-list envoyée par l’Ascap, ce qui laisse penser qu’il s’agit bien d’un message à tous les inscrits.

Déjà en début d’année, l’Ascap avait organisé une réunion avec des membres et des cadres du personnel pour évoquer les moyens de « travailler ensemble pour lutter contre la prévalence croissante des pontifes du « copyleft » ou « de la culture libre » dans le discours public sur les droits des créateurs« . Il semble qu’elle a décidé de passer la vitesse supérieure.

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