Aujourd’hui, Orange et Deezer annonçaient dans un communiqué de presse la mise en place d’un partenariat pour développer des services liés à la musique en ligne. Or, ce rapprochement n’est vraisemblablement pas si hasardeux que cela. L’ancienne ministre de la culture et de la communication, Christine Albanel, s’était régulièrement appuyée sur Deezer lors des débats sur Hadopi. Depuis, elle a été recrutée par France Télécom.

Comme nous l’avons annoncé tout à l’heure, Orange et Deezer ont décidé d’établir un partenariat dans le domaine de la musique en ligne. Bien entendu, le communiqué de presse diffusé aujourd’hui nous a assuré que ce rapprochement entre les deux entités sera bénéfique pour tout le monde.

Pour Orange d’une part, puisque le fournisseur d’accès à Internet pourra présenter ce partenariat comme une véritable valeur ajoutée à ses offres ADSL et mobile, même si au fond, l’opérateur aurait sans doute préféré établir un partenariat exclusif avec le service. Ce comportement s’est déjà vu par le passé, comme par exemple avec l’affaire d’Orange Foot.

Pour Deezer d’autre part, dans la mesure où la plate-forme pourra gagner en visibilité grâce à la forte présence d’Orange dans le secteur de l’ADSL et de la téléphonie mobile. Le service musical, qui doit composer avec les exigences financières des ayants droit, pourra espérer « un relais de croissance sans précédent » si ce partenariat étend avec succès l’offre « au marché grand public« .

Mais lorsque nous regardons quelques mois en arrière, on peut se demander si le partenariat entre Deezer et Orange est une réelle surprise… ou plutôt le signe d’un destin inévitable entre les deux sociétés. Car à l’origine de ce rapprochement, il y a un maillon que l’on a peut-être un peu trop vite oublié : Christine Albanel.

« Anéfé », lors des débats autour de la loi Hadopi, la ministre de la culture et de la communication de l’époque s’était souvent appuyée sur l’exemple de Deezer pour vanter l’émergence de l’offre légale sur Internet, et par conséquence pour justifier de concevoir un tel cadre législatif, afin de soutenir les plates-formes légales.

En mars 2009, la ministre avait d’ailleurs confié qu’elle se rendait régulièrement sur Deezer : « je vais souvent sur Deezer, je trouve formidable d’y trouver plus de 5 millions de titres gratuitement. Deezer et les autres sites légaux ne peuvent pas vivre dans un contexte dépourvu de régulation » avait-elle expliqué. À l’entendre, non seulement la ministre offrait une publicité gratuite pour le service en ligne, mais en plus elle nous donnait l’impression que la loi était entièrement taillée pour des sites comme Deezer.

Il suffit d’ailleurs de se replonger dans les nombreux débats à l’Assemblée sur Hadopi. À de nombreuses reprises, l’ancienne ministre citait Deezer comme exemple, faisant du site web le champion de l’offre légale en France. On objectera cependant que la ministre a rarement cité d’autres plates-formes gratuites. Si ce n’est aucune.

Tout juste aura-t-elle cité iTunes Store. Mais dans ce cas de figure, la boutique en ligne d’Apple est loin d’être similaire à un service comme Deezer. Dans ce premier cas, il s’agit d’un magasin en ligne pour acheter de la musique, tandis que le second est un service d’écoute de musique en continu.

Par ailleurs, on se souviendra également d’une déclaration de Christine Albanel, le 28 avril 2009 : « outre les offres de type iTunes, qui sont les plus chères, il existe des sites comme Deezer qui permettent l’écoute gratuite en streaming, ou bien des offres d’abonnement comme celle d’Orange. L’offre légale est en constante augmentation« .

Or, depuis son départ de la rue de Valois, l’ancienne ministre a su rebondir dans le privé. Pour preuve, elle a été recrutée par France Télécom en février dernier, afin d’occuper le poste de « directrice exécutive chargée de la communication interne, externe, du mécénat et de la stratégie contenus ». À l’époque, le nouveau patron du groupe, Stéphane Richard, avait assuré que cette embauche « n’avait rien de politique« .

Néanmoins, à l’époque nous avions eu le sentiment que cette nomination n’était pas tout à fait le fruit du hasard. En deux ans, la ministre a eu accès à l’ensemble des dossiers audiovisuels dans lesquels est impliqué Orange. Comme nous l’expliquions à ce moment-là, ce recrutement – juridiquement possible – permettait alors à France Télécom de s’assurer le soutien d’une personne qui avait travaillé sur ces sujets, tout en ayant un bagage politique certain.

Dans ces conditions, le partenariat entre Deezer et Orange semblait donc inévitable. Du moins, au regard de ce bref retour en arrière.

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