Mise à jour : Hari Prasad, l’informaticien arrêté pour avoir reçu une machine à voter et ne pas avoir dénoncé sa source, a été libéré sous caution et fait l’objet d’un contrôle judiciaire. Aucune charge n’a pour le moment été retenue contre lui en ce qui concerne le vol de la machine, mais le juge a demandé à la Commission électorale de dire s’il était vrai que Prasad a mis au jour des failles de sécurité. Selon la presse indienne, Prasad sera poursuivi si la Commission assure au tribunal que c’est faux.
Article du 23 août 2010 – Souvent considéré comme l’avenir, le vote par bulletins électroniques est sujet à beaucoup de critiques et de soupçons. La modernité n’est pas toujours le progrès, comme nous l’avions expliqué dans un article publié l’an dernier au sujet d’un vote électronique en Finlande :
Si un anthropologue se penchait dans quelques milliers d’années sur les rites de la société du 20ème siècle, il s’intéresserait sans doute de près au processus du vote dans les sociétés démocratiques. Plus qu’une élection, c’est un véritable rituel qui répond à des codes et à des symboles que l’on trouve parfois dépassés, mais qui ont été élaborés avec soin par ceux qui ont inventé la démocratie. Le symbole le plus important est la transparence de l’urne dans laquelle le citoyen glisse son vote, dissimulé sous une enveloppe opaque. Chaque citoyen fait son choix dans le secret de l’isoloire, mais chacun doit pouvoir vérifier grâce aux parois transparentes de l’urne que son bulletin n’a pas pu être manipulé entre le moment où il a été glissé dans l’urne et le moment où le comptage des voix est effectué. L’opacité de l’enveloppe, elle, doit empêcher de savoir qui a voté quoi.
Ce sont des symboles essentiels qu’une société démocratique ne devrait pas pouvoir effacer sans se nier elle-même. Il y a quelques vieilleries que le tout numérique, dont nous sommes généralement les premiers partisans, ne devrait pas supprimer. Et tant pis s’il faut paraître réac’, le réactionnisme n’est parfois qu’un rappel à des valeurs fondamentales que l’on tend à oublier, sur ce sujet comme sur d’autres.
En Inde, un informaticien vient d’être placé en garde à vue par les autorités, après qu’il a refusé de livrer le nom d’une source anonyme qui lui avait livré une machine de vote électronique utilisée dans le pays.
Directeur de la société Netindia, Hari Prasad s’était battu avec les autorités pour dénoncer des irrégularités lors des élections, en pointant du doigt les ordinateurs qui enregistrent les votes. La Commission des Elections de l’Inde avait affirmé que les machines étaient fiables, et demandé en 2009 à Prasad de prouver le contraire. Mais elle avait refusé de fournir à l’informaticien l’accès à une machine pour vérifier son bon fonctionnement (sic).
C’est finalement une source anonyme qui lui a fourni une machine en début d’année. Elle lui a permis de constituer une équipe de chercheurs et de démontrer des failles de sécurité, publiées le mois dernier (.pdf). Samedi, Prasad a vu les autorités débarquer à son domicile pour l’interroger, et finalement l’embarquer à Bombay devant son refus de révéler l’identité de son généreux donateur.
« Plutôt que de d’essayer de poursuivre Prasad et sa source anonyme, le gouvernement devrait concentrer son attention et ses ressources sur le vrai problème : les machines de vote électronique sans mécanisme de contrôle« , critique aujourd’hui l’Electronic Frontier Foundation.
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