C’est ce lundi à 14H que Jérôme Bourreau-Guggenheim, Renaud Veeckman et Christophe Berhaut lancent à la Cantine à Paris leur service SOS-Hadopi, qui a déjà provoqué la colère de la Haute Autorité. Sorte d’assurance juridique, le site propose à ses clients de leur fournir « l’accès au service d’assistance technique et juridique de SOS-hadopi.fr » moyennant 18 euros par an, soit 1,5 euro par mois. « Une réponse graduée à la Hadopi« , s’amusent-ils, avec toutefois de grandes ambitions. Ils espèrent en effet 50.000 abonnés, ce qu’ils assurent être uniquement leur « seuil de rentabilité« . Soit tout de même près d’un million d’euros annuel.
« L’offre SOS-hadopi se scinde en deux parties. L’une gratuite, avec de l’information générale, via une lettre d’information. Et l’autre payante, dans laquelle nous proposerons un suivi personnalisé« , expliquent les fondateurs du service édité par Apiadopi, la société dépositaire de la marque commeciale Hadopi. Alors que la loi doit inciter les internautes à installer un moyen de sécurisation qui consignera l’activité des utilisateurs dans un journal, « SOS-hadopi.fr aide les internautes à prouver leur innocence sans avoir recours à l’installation de ce logiciel espion« .
Les abonnés au service auront ainsi accès à « des conseils et des informations pour surfer en toute tranquillité, l’assistance de Sos-hadopi.fr (elle même conseillée en permanence par un réseau d’avocats spécialisés) et la garantie d’être accompagné par un avocat du réseau SOS-hadopi en cas de convocation par la Commission de Prévention des Droits« .
Les professionnels pourront eux aussi bénéficier d’un service adapté, avec un « plan de protection contre le risque du téléchargement illégal » et une « Charte d’utilisation d’internet dans l’entreprise« , qui plairont beaucoup au gouvernement. Ils pourront servir de preuve de bonne foi à l’entreprise suspectée de négligence caractérisée. En fonction du nombre d’employés, ce service-là est proposé entre 15 euros pour un utilisateur et 165 euros pour 50 utilisateurs.
S’il est totalement naturel qu’un tel service voit le jour, et que des entrepreneurs ambitieux en profitent, il est tout de même regrettable qu’une loi incite ainsi les citoyens à payer pour se prémunir des injustices qu’ils redoutent. C’est le symbole, cynique, d’une mauvaise loi. Mal conçue, mal acceptée, et constamment défiée.
Sans le lui reprocher, on ne peut pas ne pas ressentir un certain malaise à ce qu’une entreprise commerciale profite ainsi du mauvais travail du législateur pour exploiter voire accentuer la peur des citoyens, alors qu’elle sait probablement très bien qu’aucune affaire n’ira jamais jusque sur le bureau d’un juge. Le mieux pour l’Hadopi et le gouvernement serait de le reconnaître.
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