L’affaire est anecdotique, mais révélatrice une fois encore de l’inadaptation des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle à l’heure de la révolution numérique. La Tribune de l’Art, dont l’intérêt porte sur l’histoire de l’Art occidental du Moyen-Âge jusqu’aux années 1930, annonce aujourd’hui dans une brève que le ministère de la culture a piraté son site web.
Dans son article, Didier Rykner explique que les petites mains du ministère de la culture ont emprunté une photographie appartenant à la Tribune de l’Art « sans nous avoir le moins du monde demandé la permission ni même nous en avoir crédité« . Une photo dont le crédit est faussement attribué au ministère de la culture, a-t-il remarqué par ailleurs.
Bon prince, Didier Rykner est disposé à offrir « bien volontiers les droits de cette photo au ministère qui peut en faire l’usage qu’il en veut« , avant d’ajouter que « nous sommes favorables à la circulation des images sur Internet« . La seule condition étant d’indiquer le véritable auteur de la photographie. Néanmoins, cette histoire souligne à nouveau la posture intenable du gouvernement en soutenant contre vents et marées la loi Hadopi.
Nous l’avions prédit en début d’année. En voulant devenir le chantre de la défense absolue des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle sur le net, l’UMP ( et par extension le gouvernement et ses ministères ) avait l’obligation morale d’être complètement irréprochable sur ce terrain, sous peine de voir la moindre entorse être exposée à la lumière des médias.
Et ça n’a pas manqué. Sans refaire tout l’historique des manquements du gouvernement dans ce domaine, rappelons simplement qu’une chanson des MGMT a été utilisée dans un meeting politique ; que la musique du lipdub a été diffusée sans l’autorisation des ayants droit québécois ; que le logo de la Haute Autorité elle-même s’appuyait sur une police de caractère réservée à France Télécom ; que le logo de la région Aquitaine a été détourné par une section locale de l’UMP ; ou encore qu’une photo de 20 Minutes a été récupérée à des fins électorales. Entre autres.
Cette contradiction entre le discours et les actes aurait pu être amusante si dans le même temps les gardiens du temple du respect plein et absolu des règles du code de la propriété intellectuelle n’avaient pas produit des textes législatifs absurdes comme la loi Hadopi. Nous en revenons toujours à l’adage « faites ce que je dis, pas ce que je fais », en somme.
Et nous laissons la conclusion à La Tribune de l’Art : « le gouvernement, si prompt à défendre le droit d’auteur par une loi inapplicable et potentiellement liberticide, n’est pas capable de la respecter lui-même. Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté, les plus grands défenseurs d’Hadopi étant parfois les premiers pirates« .
( photo : BY )
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