Longtemps perçu comme le meilleur ennemi des internautes, le patron d’Universal Music France Pascal Nègre s’est progressivement éloigné de la scène médiatique et du lobbying le plus visible en faveur de la lutte contre le piratage. Avec un marketing très prononcé sur les réseaux sociaux, qu’il investit pour la première fois, il sort le 3 novembre un livre qui vise à redorer son image. Impossible ?

Il est arrivé le 7 octobre sur Twitter où il provoque volontiers ses contradicteurs, et invite les internautes à devenir fan de lui sur Facebook. Après s’être coupé du net pendant des années, le Président d’Universal Music France Pascal Nègre se décide enfin à venir se frotter aux internautes qu’il a tant décriés depuis l’avènement de Napster à la fin des années 1990.

L’ancien patron du SNEP, qui s’est souvent ridiculisé à combattre le piratage, est-il lui-aussi sur le point de tourner la page, comme le font de nombreux artistes, conscient peut-être que l’Hadopi est la dernière carte qu’il pouvait jouer ? Pas sûr, même si c’est l’impression donnée par l’ambition concrète de tout cet agissement sur les réseaux sociaux : la promotion d’un livre bilan.

Pascal Nègre semble vouloir refaire son image, en insistant davantage sur son « amour de la musique » et de son métier de producteur, que sur son rôle de Père Fouettard. Même si dans une référence évidente à la lutte contre le piratage qu’il a menée et ne regrette pas, il appelle son ouvrage « Sans Contrefaçon » (Fayard, sortie le 3 novembre 2010). Après le combat, place au dialogue. Ou au monologue ?

« Pour les uns, je suis celui qui remettait le prix au vainqueur de « Star Academy ». Pour d’autres, celui qui donne le point de vue de l' »industrie du disque » à la radio ou à la télévision. Parfois, je suis aussi l’empêcheur de pirater en rond. Et pour beaucoup, ma fonction de président d’Universal Music France évoque pouvoir, argent, paillettes. Mais, je suis avant tout producteur« , explique Pascal Nègre. « Produire de la musique signifie verser des avances aux artistes afin de de leur permettre d’écrire et de composer, choisir les musiciens qui les accompagnent, organiser les séances d’enregistrement, puis proposer leurs œuvres au public. Mais produire, c’est surtout créer le climat dans lequel l’artiste peut s’exprimer : la confiance« .

« Après des centaines d’interviews et de débats trop brefs, j’ai voulu plus longuement retracer mon parcours, expliquer mon métier, répondre aux questions que tout le monde se pose sur le téléchargement illégal, les relations avec les artistes, la téléréalité, les caprices de star, le buzz sur internet, la vraie économie d’un album, l’avenir des maisons de disques… Et réaffirmer mon amour de la musique et de tous ceux qui, comme moi, contribuent à ce que vous puissiez l’écouter. Je ne veux rien éluder, parler simplement et ouvertement. Sans Contrefaçon.« 

Pour assurer le buzz, Fayard a produit une série de teasers vidéos de Pascal Nègre diffusées sur YouTube, et convoqué les services de Thomas Clément, fondateur de l’agence NoSite et grand spécialiste de la communication virale sur les blogs (mise à jour : Thomas Clément nous a affirmé ne pas travailler pour Pascal Nègre. « Je n’ai fais que relayer les vidéos qu’on m’a envoyé hier, je préfère garder ma liberté de critiquer ce livre que j’attends avec impatience », nous explique-t-il).

Opération marketing, opération séduction, ou opération rédemption ?

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