Alors que pendant la dernière heure précédent l’annonce officielle du remaniement ministériel, le nom de Frank Riester avait circulé telle une mauvaise blague (déjà faite en 2009), Frédéric Mitterrand reste le ministre de la Culture et de la Communication dans le gouvernement Fillon III. Le successeur de Christine Albanel, qui a dit croiser les doigts pour le succès de l’Hadopi, pourra ainsi poursuivre le développement du volet « offre légale » de la loi.
Par ailleurs, l’économie numérique monte en grade au sein du gouvernement. Alors qu’elle était auparavant réservée à un simple secrétariat d’Etat, c’est en tant que ministre qu’Eric Besson aura en charge l’économie numérique, avec également l’industrie et l’énergie.
C’est déjà l’ancien socialiste qui avait inauguré le premier secrétariat d’Etat à l’économie numérique en mars 2008, avant qu’il soit remplacé par Nathalie Kosciusko-Morizet moins d’un an plus tard.
Plus « geek » et plus proche des internautes qu’Eric Besson, NKM retourne à l’Ecologie sans avoir jamais réussi à infléchir la position du gouvernement et de Nicolas Sarkozy sur leur vision colonialiste d’un Internet, qu’ils veulent avant tout brider. Celle qui a été promue ce dimanche numéro 3 du gouvernement avait été écartée des principales lois touchant au numérique, dont la loi Hadopi, la loi sur la régulation des jeux en ligne, et le projet de loi Loppsi. Elle n’aura pas réussi à aller au bout de son intention de légiférer la neutralité du net, ce qui ne lui manquera sans doute pas tant elle savait le sujet périlleux. Avec son départ, c’est aussi probablement une chance de voir s’imposer la licence de gestion collective qui s’éloigne. Mais le dossier était déjà très mal engagé, face à l’opposition coriace des maisons de disques.
Que faut-il attendre d’Eric Besson ?
Lorsqu’il avait été en charge de l’économie numérique dans le premier gouvernement Fillon, Eric Besson avait dévoilé un modeste Plan Numérique 2012, qui avait eu le mérite de défendre la neutralité du net et de s’attaquer aux exclusivités de contenus signées par les FAI. Il n’a été que partiellement mis en œuvre.
Avant qu’il ne trahisse son camp, l’homme avait critiqué les DRM et la loi DADVSI, notamment en présentant en 2003 une proposition de loi qui faisait interdiction de recourir aux verrous numériques pour empêcher la copie privée. Mais son plan 2012 plébiscitait au contraire les DRM (« indispensable de les adapter avec succès à la distribution numérique de contenus audiovisuels et cinématographiques« ), et le ministre avait soutenu la loi Hadopi préparée par Mme Albanel. Opportuniste, Eric Besson défendra ce qui lui sera demandé de défendre.
Les chaises musicales tournent, mais la musique restera la même. Au moins jusqu’en 2012.
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