Le groupe Wilco a eu une attitude très constructive lorsque Reprise, le label de Warner Music, a décide de ne pas produire le 4eme album du groupe, « Yankee Hotel Foxtrot » : ils l’ont diffusé sur les réseaux de P2P et se sont lancés dans une tournée archi comble de 30 dates. Du coup, un autre label de Warner, Nonesuch Records, a racheté les droits pour 3 fois le prix original… Les fans, grâce au P2P, ont donc directement influé sur la signature de l’artiste.
Et ce n’est pas tout, Wilco a compris où résidait la valeur aux yeux de ses fans, puisqu’il a financé le montage d’un documentaire video via le net, a diffusé un concert live via le net en MPEG4, inclus des bonus et de la vidéo dans ses CDs…
Son dernier album « A Ghost is Born » pouvait etre écouté gratuitement en ligne 3 mois avant sa sortie officielle, puis échangé sur les reseaux de P2P: est-ce que ca signifie une dechirure entre le public et l’artiste? Au contraire, les fans qui ont téléchargé l’album ont été invité à faire un don à « médecin sans frontière ». Résultat: 11.000 $.
Mais le plus intéressant, c’est l’attitude de son leader Jeff Tweedy qui explique sur wired.com que « l’artiste ne contrôle qu’une partie du processus de création d’une œuvre ; le public fait le reste. C’est l’imagination des fans qui rend tout possible. Leurs participations donne vie au morceau. Nous ne sommes que des troubadours, le public est notre partenaire. On devrait encourager sa collaboration et non pas le traiter comme un voleur« .
Le public, de part son interaction avec l’artiste et son travail, lui donne une autre dimension. Il aide l’artiste à sortir de sa subjectivité, pour faire de sa création une œuvre eternelle, en se l’appropriant, la transformant, la relayant, la diffusant, la chantant, c’est à dire en gardant le morceau vivant, ancré dans le quotidien et les oreilles du public.
Le personnage d’Homère aurait-il traversé les époques et atteint l’immortalité (on parle toujours de lui, non?) s’il avait mis un DRM sur l’Iliade? C’est justement par ce que son œuvre a été reprise librement, rejouée, rechantée, completée, transformée après sa mort, relayée de villages en villages etc… qu’elle nous est restée 3000 ans après sa mort. Et quel artiste aujourd’hui ne voudrait pas d’une consécration Homerique ? Le public est le meilleur allié pour y parvenir.
Alban Martin
Auteur du livre « The Entertainment Industry is Cracked, Here is the Patch ! « , aux éditions Publibook, il dirige le site cocreation.fr dédié à la co-création de valeur.
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