L’arrivée prochaine de Free dans le secteur de la téléphonie mobile est surveillée de très près par les trois principaux opérateurs français. Le fournisseur d’accès à Internet, qui a décroché sa licence 3G l’an dernier, doit se lancer dans la bataille en 2012, en proposant ses premiers forfaits. Mais de nombreuses questions restent en suspens, et Orange, SFR et Bouygues Télécom sont bien décidés à ne rien céder face au nouvel arrivant.
Stéphane Richard, le directeur général d’Orange, était dimanche l’invité de Jean-Michel Aphatie sur RTL. Au cours de l’entretien, Stéphane Richard s’est montré naturellement très prudent, voire sceptique, sur l’impact réel qu’aura Free sur le marché de la téléphonie mobile. À la question de savoir si l’arrivée d’un nouvel entrant sera bénéfique pour le consommateur, Stéphane Richard a mis en garde contre « quelques risques de déceptions« .
« L’arrivée du quatrième opérateur se situe en 2010, 2012 en fait, dans un contexte où, aujourd’hui, tout le monde a un téléphone mobile, voire deux. Et donc on a un marché qui est complètement équipé, qui est saturé. C’est tout à fait différent de l’arrivée de Bouygues Télécom en 1995, où on était dans un marché qui était encore en train de se développer. Il y avait plus de 10 % de croissance par an » a expliqué le directeur d’Orange.
« Donc, qu’est-ce que va faire Free, logiquement ? Il va essayer de prendre les clients des autres. Ce n’est pas un jeu à somme nulle, cette affaire. Et comment il va essayer de prendre les clients des autres ? D’après ce qu’il dit jusqu’à maintenant, il le claironne même, en cassant les prix. On verra » a-t-il lancé, guère convaincu des options de Free dans un marché aux possibilités de croissance limitées.
Reconnaissant que la capacité d’innovation de Free était réelle, Stéphane Richard s’est ensuite employé à lister quelques atouts en possession d’Orange qui devraient limiter les marges de manœuvre de Free. En particulier, le directeur général d’Orange a indiqué que son entreprise a actuellement un taux de couverture 3G de 95 %, alors que le taux de couverture de Free devrait graviter autour de 25 %.
Plus critiquable, Stéphane Richard a laissé entendre que Free se lançait dans la téléphonie mobile avec un avantage artificiel. En effet, contrairement aux trois autres opérateurs qui ont chacun déboursé 619 millions d’euros pour acquérir la licence 3G dans les années 2000, Free a obtenu le précieux sésame pour 240 millions d’euros. ‘Il y a un petit écart à ce niveau là » a estimé Stéphane Richard.
« Ca a été justifié par un certain nombre de considérations, mais c’est assez frappant » a-t-il ajouté. « Free ne va pas arriver pour capter une croissance ou une partie de la croissance. Il va arriver pour piquer les clients des autres. Donc il faut comprendre que les opérateurs qui ont investi massivement depuis des années et qui continuent à le faire s’interrogent sur les conditions de cette arrivée« .
Selon Stéphane Richard, cette différence de 400 millions d’euros est dû à « un marché complètement saturé » et qu’il était « complètement admissible que l’entrée [de Free, ndlr] se fasse sur une base de valorisation moindre que celle qui a été retenue il y a un peu plus de dix ans« . Il s’est néanmoins refusé à rejeter la faute sur l’Etat qui braderait son espace public.
Or, Stéphane Richard oublie manifestement de dire que le bloc de fréquences obtenu par Free, 5 MHz, est trois fois moins important que celui obtenu par chacun des trois opérateurs, 15 MHz. Dans ces conditions, la somme de 240 millions pour un bloc de fréquences trois fois moins élevé était justifiée. L’inverse aurait été particulièrement injuste pour Free.
« Pour tous ceux qui anticipent une espèce de révolution liée à l’arrivée de Free, je crois qu’il faut être prudent » a souligné Stéphane Richard, qui s’interroge : quel sera le modèle économique que choisira Free pour percer dans la téléphonie mobile ? De quelle façon le nouvel opérateur gérera la subvention des terminaux, à l’heure où 80 % des Français achètent un abonnement de téléphonie mobile en achetant un téléphone ?
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