Mardi, nous vous rapportions la suppression d’une application Wikileaks sur l’App Store. Développée par un programmeur russe, celle-ci permettait de suivre le fil Twitter du site lanceur d’alerte et de consulter les télégrammes diplomatiques publiés en partenariat avec les cinq grands quotidiens occidentaux. Mis en ligne et validé par Apple le 11 décembre dernier, l’application a été retirée de la vente six jours plus tard.
L’entreprise américaine s’est finalement expliquée hier sur les raisons qui l’ont poussé à supprimer Wikileaks App. D’après la porte-parole d’Apple, Trudy Muller, l’application a été retirée « parce qu’elle a enfreint nos consignes destinées aux développeurs« , ajoutant que « les applications doivent respecter avec toutes les lois locales et ne doivent pas causer de préjudice à un individu ou un groupe donné« .
La décision peut surprendre. En effet, Wikileaks et Julian Assange ne sont pour l’instant pas poursuivis pour la diffusion de documents confidentiels liés aux activités militaires et diplomatiques des États-Unis. Si ces derniers et certains de leurs alliés cherchent activement une prise pour engager des poursuites, le site web et son porte-parole ne sont pas encore véritablement inquiétés.
Dans un communiqué de presse, Reporters Sans Frontières avait expliqué hier qu’en « matière d’investigation journalistique les documents révélés par Wikileaks et portés à la connaissance de grands médias d’information ont été obtenus par des procédés en dehors de la légalité. De fait, Wikileaks et les médias qui ont collaboré avec lui ont certes été placés en position de receleurs« .
Mais Reporters Sans Frontières a également rappelé « que la Cour européenne des droits de l’Homme a récusé la notion de recel quand pouvait être invoqué l’intérêt général – ce qui est le cas – et le droit du public à être informé« . C’est pour cette raison que la poursuite judiciaire de Wikileaks en Europe et en Amérique du Nord est une tâche relativement compliquée à mettre en place.
Avec l’affaire Wikileaks, les conditions d’utilisation et les consignes édictées par les différents services semblent avoir pris une importance considérable. Toutes les sociétés privées qui ont limité les marges de manœuvre de Wikileaks ont mis en avant leurs conditions d’utilisation. C’est le cas de PayPal, de MasterCard, de PostFinance, d’Amazon ou encore de MoneyBookers.
Ces arguments semblent pourtant à géométrie variable, puisque Maître Eolas rappelait dans un billet dédié à l’affaire Wikileaks, OVH et Éric Besson que certaines de ces entreprises « acceptent toujours de fournir leurs services pour la boutique du Ku Klux Klan« , ajoutant que « c’était aux Etats-Unis de prendre les précautions suffisantes pour que ces documents ne fuitent pas« .
De manière générale, la politique de contrôle concernant les contenus publiés sur l’App Store vise avant tout à préserver l’image familiale d’Apple. C’est pour cette raison que la firme de Cupertino endosse parfois le rôle de censeur de la morale publique, juge de l’utilité des logiciels ou encore contrôleur de la ligne éditoriale des magazines.
Mais cela n’empêche pas de temps à autre l’entreprise de se conformer aux exigences des États. En Chine, comme de nombreuses autres entreprises occidentales, Apple doit bloquer toutes les applications pouvant contester d’une façon ou d’une autre la légitimité du pouvoir central. En particulier, les applications dédiées au Dalai Lama ne doivent pas apparaître sur la version chinoise de l’App Store.
Dans le cas contraire, les autorités n’hésitent pas à bloquer complètement le service pour contraindre l’entreprise à suivre leurs consignes. C’est pour cette raison que l’iTunes Store fut temporairement bloqué en 2008 pour empêcher la diffusion de musiques liées au Tibet.
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