Alors qu’elles permettent de témoigner des violences dans un pays où les journalistes ne peuvent pas faire leur travail librement, YouTube censure les vidéos d’amateurs qui montrent les blessures ou les morts dus aux affrontements en Tunisie.

Nos amis de ReadWriteWeb, dont nous vous invitons à lire la lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, soupçonnent ce mardi matin YouTube d’avoir censuré une vidéo tournée dans un hôpital à El Ghasin, en Tunisie. Elle est destinée à faire prendre conscience au monde entier de la très grande violence des évènements tragiques qui se déroulent actuellement dans une certaine indifférence de la communauté internationale, notamment du Quai d’Orsay qui n’a pas fermement condamné les arrestations de blogueurs et d’artistes tunisiens. La répression des émeutes aurait fait, selon ses sources, entre 20 et 50 morts.

« La réaction de YouTube, quelques minutes après l’envoi de la vidéo, est sans appel », écrit Fabrice Epelboin. La vidéo a été supprimée de la plateforme de Google. Le blogueur juge « peu probable » qu’il s’agisse d’une suppression automatique, puisque l’on « imagine mal un algorithme faire la différence entre l’extrait d’un film d’action bien sanglant et cette vidéo, qui nous est parvenue via Facebook, l’un des derniers espaces pas totalement censurés du web social auquel ont accès les Tunisiens« .

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la vidéo est toujours visible sur Dailymotion, et sur Vimeo.

Pour expliquer la suppression de la vidéo, YouTube indique que « cette vidéo a été supprimée, car son contenu ne respecte pas les Conditions d’utilisation de YouTube« . Il ne précise pas en quoi. Il faut se rendre sur les « Règles de la Communauté YouTube » pour comprendre. Celles-ci demandent que « si votre vidéo met en scène des personnes blessées, attaquées ou humiliées, ne la publiez pas« . De même, parce que « YouTube n’est pas un site destiné à choquer« , la filiale de Google demande à ne pas publier « de vidéos choquantes d’accidents, de cadavres ou autres choses de ce genre« .

Pourtant les conditions d’utilisation de YouTube avertissement les spectateurs que « par le simple fait d’utiliser le Service, vous pouvez être exposé à du Contenu inexact, choquant, indécent ou autrement négatif« . Mais il s’agit là uniquement de se dégager de toute responsabilité en cas de plainte d’un internaute choqué par ce qu’il a vu sur YouTube. Pas d’assurer la libre diffusion de l’information, même dans sa plus réalité la plus crue.

(Attention, les images suivantes sont très choquantes. Ne regardez pas la vidéo en compagnie d’enfants, ni dans le cas où vous seriez particulièrement sensible au sang)

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