Les années passent mais Nicolas Sarkozy ne change pas de discours. Lors de ses voeux au monde de la culture, le Président de la République a annoncé qu’il souhaitait réunir un G20 dédié aux droits d’auteur et à Internet. Une idée inspirée par Frédéric Lefebvre. « Je souhaite qu’avant le G20 à Cannes (3 et 4 novembre), il y ait un sommet des pays du G20 sur la question des droits d’auteurs, pour que nous essayions d’avancer ensemble, pas les uns contre les autres mais les uns avec les autres« , a-t-il demandé à son ministre Frédéric Mitterrand.
Internet sera déjà au coeur d’un G8 à Deauville, les 26 et 27 mai prochain. « Nous allons mettre sur la table une question centrale, celle de l’internet civilisé. Je ne dis pas de l’internet régulé, je dis de l’internet civilisé. C’est de l’intérêt de tout le monde« , a assuré Nicolas Sarkozy. « On ne peut pas d’un côté consommer comme jamais des images, de la musique, des auteurs, de la création, et ne pas assurer le respect du droit de propriété de celui qui a mis toute son émotion, tout son talent et toute sa créativité (…). Le jour où on ne rémunère plus la création, on tue la création« .
Nicolas Sarkozy emploie depuis longtemps le terme « civilisé » pour parler d’Internet. La première fois qu’il l’a utilisé, c’était à l’occasion de la signature des accords Olivennes, sur la création de la future Hadopi, en novembre 2007. « Je veux saluer ce moment décisif pour l’avènement d’un internet civilisé. Internet, c’est une » nouvelle frontière « , un territoire à conquérir. Mais Internet ne doit pas être un » Far Ouest » high-tech, une zone de non droit où des » hors-la-loi » peuvent piller sans réserve les créations« , avait-il déclaré.
L’image d’une nécessaire colonisation d’Internet par des peuples civilisés a été souvent reprise par les troupes du Président, et notamment par la députée UMP Muriel Marland-Militello, qui avait estimé que la France était la « pionnière mondiale de l’internet civilisé » grâce à l’Hadopi. Une expression qui nous avait donné l’occasion de comparer ce discours à ceux qui justifiaient la colonisation des « races inférieurs » à la fin du 19ème siècle, et d’y voir une étonnante proximité.
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