Il avait dû baisser le rideau face à son incapacité à répondre aux demandes financières extravagantes de certaines maisons de disques, qui ont eu sa mort. Mais Jiwa, le concurrent français de Deezer, va renaître de ses cendres ce vendredi 21 janvier 2011. La renaissance arrive bien plus tard que ce qu’avait espéré la société Digiteka, qui l’avait racheté en octobre après sa mise en liquidation judiciaire, et dans une forme provisoirement réduite, mais elle se produit enfin.
L’été dernier, la fermeture de Jiwa avait fait prendre conscience aux pouvoirs publics de la responsabilité des majors dans le manque de dynamisme des offres de musique en ligne. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand avait confié à Emmanuel Hoog le soin de concilier éditeurs de services et acteurs de la filière musicale, pour aboutir à 13 engagements rendus publics lundi dernier. Parmi eux, l’obligation de rendre transparents les minima garantis, et de revoir la classification des modes d’exploitation, pour offrir une palette de tarifs plus adaptée.
Mais c’est surtout une prise de conscience globale et la peur des maisons de disques de voir imposée la licence de gestion collective qui a convaincu les labels de revoir leurs prétentions à la baisse. Charles Ganem, co-fondateur de Digiteka, nous explique ainsi que l’état d’esprit a évolué, et que « les demandes des majors sont aujourd’hui beaucoup plus raisonnables qu’avant« . Mais les négociations coincent tout de même encore.
Deux majors ont accepté de signer un accord pour la diffusion en streaming à la demande, façon Deezer, mais deux restent encore à convaincre. « Les plus grosses ne sont pas forcément les plus exigeantes« , précise M. Ganem. La situation devrait se dénouer dans les trois mois qui viennent.
En attendant, Jiwa rouvrira vendredi avec un service provisoirement limité aux radios, et aux « smart radios » dont la programmation est définie par algorithmes en fonction notamment des univers musicaux choisis par l’utilisateur. Ces deux services sont désormais couverts par des licences de gestion collective, et Digiteka a signé des accords avec la Sacem, la SCPP (pour les majors) et la SPPF (pour les indépendants).
« Les morceaux écoutés sur les radios ou smart radios représentent 62 % des titres écoutés sur Jiwa« , nous explique Charles Ganem, pour justifier que le service rouvre sans attendre la conclusion de tous les accords. Il ne souhaite pas ouvrir le service d’écoute à la demande avec la moitié seulement du catalogue des majors, non seulement parce qu’une telle offre ne répondrait pas aux attentes des utilisateurs, mais aussi parce que l’ouverture du service provoquerait les paiements des avances et minima garantis demandés par les maisons de disques. C’est donc toutes, ou rien.
Pour sa réouverture, Jiwa aura le même design que l’an dernier, mais un nouveau site est en cours de développement. Il devrait sortir en juin 2011, et mettre en œuvre le nouveau modèle économique évoqué par Digiteka, basé sur sa solution Ultimedia. Un modèle qui pourrait engager les utilisateurs et les blogueurs dans la promotion des artistes, avec partage de revenus à la clé.
Pour fédérer sa communauté, Digiteka souhaite aussi investir les utilisateurs dans le choix et l’élaboration des fonctionnalités du nouveau site. Il pourrait même ouvrir des discussions sur le prix des futures offres payantes.
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