Face au piratage des contenus culturels protégés par le droit d’auteur, l’industrie du divertissement fait feu de tout bois depuis plusieurs années pour résorber ce phénomène. Parmi les cibles privilégiées des ayants droit, il y a bien entendu les pirates eux-mêmes, les sites de liens BitTorrent ou de téléchargement direct mais également… les moteurs de recherche.
Dans ce domaine, les efforts des industries culturelles se focalisent essentiellement sur Google. Et visiblement, ça commence à payer. Nos confrères de Torrentfreak ont constaté que le moteur de recherche a commencé à filtrer certains termes liés à BitTorrent et au téléchargement direct depuis des services comme RapidShare et MegaUpload.
Seuls les résultats de Google Instant sont pour l’heure concernés. Présenté l’an dernier, Google Instant est un nouveau service du moteur de recherche. Il propose de fournir des résultats qui évoluent en temps réel, à mesure que l’utilisateur tape sa requête dans le champ de saisie. L’idée derrière Google Instant est de faire gagner du temps à l’internaute en proposant dès que possible le résultat souhaité.
Or, toutes les requêtes enregistrées par l’internaute ne sont manifestement pas logées à la même enseigne. Des termes comme MegaUpload, RapidShare et la chaîne de caractère « torrent » ne retournent aucun résultat à travers Google Instant. Même le service de téléchargement Xunlei, dans lequel Google a des intérêts, est touché par ce filtre.
À l’inverse, certaines recherches ne sont pour l’instant pas affectées par ce filtre. Il est encore possible d’utiliser Google Instant pour des clients BitTorrent (Vuze, BitComet, BitLord…), des services d’hébergement (4Shared, HotFile, MediaFire…) et des sites de liens BitTorrent (The Pirate Bay, IsoHunt…). Des recherches comme MegaVideo, Emule, Edonkey, P2P ou peer to peer ne sont pas non plus bloquées dans Google Instant.
Visiblement, aucune logique n’apparait dans le choix des termes censurés. Rappelons d’ailleurs que le filtrage proposé par Google Instant n’empêche pas l’internaute d’obtenir un résultat à sa requête. Il devra presser le bouton « rechercher » pour visualiser les résultats d’une recherche portant sur MegaUpload, RapidShare ou concernant « torrent ».
Cette mesure n’est pas nouvelle. Suite au lancement de Google Instant, il a été constaté que des filtres étaient déjà en place pour bloquer des requêtes vulgaires ou pornographiques. À l’époque, nous avions remarqué que des mots-clés français comme « pornographie » ou « sodomie » n’ont affiché aucune suggestion avec Google Instant. Des résultats qui se sont affichés lorsque le bouton « rechercher » était pressé.
D’aucuns souligneront sans doute que Google ne censure pas de facto les résultats d’une recherche. Certes. Mais en cédant aux sirènes des ayants droit, le moteur de recherche fait un pas supplémentaire dans la mauvaise direction. Car à quel moment a-t-il été décidé qu’une requête « torrent » était nécessairement problématique, donc qu’il faut la masquer ? Et « ubuntu torrent » alors ?
Cette mesure, qui sera probablement étendue à d’autres mots-clés, s’inscrit dans une politique plus large annoncée par Google début décembre. Pressé par les ayants droit, accusé de laxisme, Google avait présenté de nouvelles mesures visant à démontrer qu’il prend la lutte contre le piratage au sérieux. L’une des mesures porte sur la mise en avant des contenus légaux dans ses résultats de recherche.
Estimant que la majorité des internautes cherche à accéder à du contenu légitime, Google avait expliqué qu’il réfléchissait à un moyen de mettre en avant plus efficacement les offres légales. L’intégration de certains mots-clés listés ci-dessous dans le filtre de Google Instant est probablement l’une des pistes suivies par le moteur de recherche.
Moteur de recherche de référence, il a acquis au fil des ans une position dominante sur la recherche en ligne dans de nombreux pays du monde. Aux États-Unis, la part de marché du géant du web s’est établie à 66,6 % pour le mois de décembre 2010, tandis qu’elle s’est maintenue aux alentours de 90 % dans plusieurs pays européens (France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni).
Cet avantage, basé sur des algorithmes secrets, permet à Google de capter de larges parts du marché publicitaire en ligne, lui permettant ensuite de financer ses activités. Mais cette position est également une source de défis pour la firme américaine. Le secret autour du fonctionnement du moteur de recherche pose des questions sur sa neutralité effective.
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