En piratant les e-mails de la société HBGary qui avait conduit une enquête pour identifier certains d’entre eux, les Anonymous ont mis à jour un document présenté à la Bank Of America, qui énonce les actions qui pourraient être menées pour discréditer Wikileaks, et identifier ses sources.

Wikileaks a publié mercredi un document intitulé « La Menace Wikileaks », présenté conjointement par trois sociétés expertes en sécurité des données, Palantir Technologies, HBGary Federal et Berico Technologies. Elles y expliquent comment affaiblir le site fondé par Julian Assange, par des méthodes peu orthodoxes, et parfois illicites. C’est la publication des quelques 40 000 courriels de HBGary piratés par des Anonymous qui a permis de découvrir ces propositions pour le moins étonnantes.

Selon Tech Herald, sur recommandation du Département de la Justice (sic), le cabinet d’avocats Hunton & Williams aurait eu rendez-vous le 3 décembre avec la Bank Of America, pour préparer une riposte aux fuites annoncées par Wikileaks (souvenez-vous que dans sa panique, la banque a déjà acheté des centaines de noms de domaine qui insultent ses dirigeants). C’est après ce rendez-vous qu’elle aurait demandé par e-mail à Palantir et consorts de préparer « cinq ou six slides sur Wikileaks », et d’expliquer comment ils pourraient aider la banque. L’objectif du cabinet était de monter une équipe d’experts et de proposer une solution d’investigation « tout en un » à Bank of America.

Une version finale du document aurait alors été présentée un mois plus tard à Booz Allen Hamilton, la firme retenue par Bank of America pour conduire l’audit interne sur les possibles fuites.

La première partie du document se contente de décrire Wikileaks et d’identifier ses principaux acteurs. En page 12, il identifie les faiblesses du site : ses difficultés financières après le gel de ses moyens de recevoir des dons, un doute sur la sécurité de l’envoi de documents à travers un serveur suédois, et des dissensions internes sur la politique à conduire. « Leurs faiblesse causent un grand stress dans l’organisation, sur lequel il est possible de capitaliser« , écrivent les trois sociétés.

Mais c’est surtout en page 14 que le document devient incroyable, lorsqu’il décrit les « tactiques proactives potentielles » qui peuvent être employées à l’encontre de Wikileaks :

  • Ajouter de l’huile sur le feu entre les groupes dissidents. Désinformation. Créer des messages sur des actions de sabotage ou discréditer les organisations opposantes. Soumettre de faux documents et dénoncer l’erreur.
  • Créer une inquiétude sur la sécurité de l’infrastructure. Créer des histoires d’exposition (de l’identité de la source, ndlr). Si l’on pense que le processus (d’envoi de documents, ndlr) n’est pas sécurisé ils sont finis.
  • Des cyber-attaques contre l’infrastructure pour obtenir des données sur ceux qui soumettent des documents. Ceci tuerait le projet. Puisque les serveurs sont désormais en Suède et en France, rassembler une équipe pour y avoir accès est plus simple.
  • Des campagnes médiatiques pour mettre en avant la nature radicale et irréfléchie des activités de Wikileaks. Maintenir la pression. Ne fait rien pour les fanatiques, mais crée de l’inquiétude et du doute auprès des modérés.
  • Rechercher des fuites. Utiliser les médias sociaux pour profiler et identifier les comportements à risque d’employés.

« Ensemble, Palantir Technologies, HBGary Federal et Berico Technologies apportent l’expertise et l’approche nécessaires pour combattre efficacement la menace Wikileaks« , vante la présentation.

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