La ville de Nantes annonce qu’elle va libérer ses données publiques, mais elle ne souhaite pas que ses entreprises locales puissent utiliser les données pour générer des revenus. Un comble qui montre à quel point l’intérêt de l’open data a encore du mal à être compris par les décideurs politiques.

Mise à jour : nous invitons les lecteurs intéressés par le sujet, y compris hors de Nantes, à lire l’excellente contribution au débat de l’open data publiée par l’association LiberTIC, dont vous trouverez un résumé sur EntrepreNantes.

Article du 18 février 2011 – A l’occasion de l’ouverture de la Cantine Numérique de Nantes, le député-maire de la ville Jean-Marc Ayrault a annoncé, il est vrai timidement, le lancement du chantier de l’open data à Nantes. L’homme fort du Parti Socialiste à l’Assemblée Nationale était resté assez évasif sur les actions concrètes qui seraient prises pour l’ouverture des données dans sa ville, mais dès le lendemain un communiqué de la métropole salué par l’association LiberTIC l’affirmait dès son titre : « Jean-Marc Ayrault libère les données publiques ».

« Parmi les premières données libérées, celles concernant par exemple la mobilité (info trafic en temps réel, calcul de l’emprunte CO2…), et l’environnement (qualité de l’air…). Deux axes importants pour la Capitale Verte en 2013. Les données liées à tout le champ culturel (idées de sorties, parcours Voyage à Nantes 2010), pourraient également en faire partie. La liste n’est ni arrêtée ni exhaustive« , détaillait la ville dans son communiqué. Mais celui-ci restait silencieux sur une problématique essentielle des données publiques et de l’open data : leur licence.

Or sur ce point, « rien n’est encore arrêté mais, a priori, les données seront en accès gratuit sauf pour les acteurs qui s’en serviront pour générer des revenus« , explique dans LaGazette.fr le conseiller en communication en charge de la prospective, Frédéric Vasse. L’open data à Nantes pourrait donc exclure toute utilisation commerciale des données, ce qui leur retire une grande partie de leur intérêt. C’est justement pour permettre aux entreprises de la région de créer des services innovants que la libération des données publiques est importante pour l’économie locale. Réserver ces données aux seuls projets citoyens est certes un premier pas louable, et utile, mais c’est avoir une curieuse conception de l’encouragement au développement des start-up. C’est un message contraire à celui donné par la Région qui vient d’officialiser le lancement de Ouest Numérique, sa Filière TIC censée donner à la Loire-Atlantique « une position de leader reconnue à l’échelle européenne et/ou internationale » sur les technologies de l’information et de la communication. Pour encourager les acteurs locaux, il faut d’abord ne pas exiger d’eux qu’ils payent des licences pour utiliser des données publiques. L’enrichissement de la ville sera indirect, notamment par les impôts locaux.

Il ne faut pas s’étonner de voir que les grandes success stories du web sont toutes de jeunes pousses américaines qui ont su grandir, aidées par des pouvoirs publics locaux et nationaux plus conscients de l’intérêt de soutenir leurs PME. Il est permis en revanche de s’énerver lorsqu’à cause de cette incapacité des décideurs politiques français à s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences, on en arrive à la situation absurde de vouloir créer une « taxe Google » qui pénalise exclusivement les entreprises françaises.

Espérons que les services de Jean-Marc Ayrault sauront retrouver la raison, et s’inspirer plutôt de ParisData, qui autorise l’exploitation commerciale. Et que le modèle parisien soit suivi partout en France.

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