Le Parlement a adopté en première lecture le mois dernier la proposition de loi du Sénat sur le prix du livre électronique, qui doit obliger tous les vendeurs de livres sur Internet à vendre la version électronique de leurs livres au prix fixé par l’éditeur. Il s’agit d’une adaptation qui se veut moderne de la loi de 1981 sur le prix unique du livre, mais qui oublie qu’Internet fait tomber les frontières. La loi se limite elle-même aux livres édités en France, et aux plateformes établies en France lorsqu’elles vendent les livres à des clients situés en France. Ce qui encourage le développement du commerce électronique étranger.
On a vu meilleure politique économique. Alexandre Bompard, le nouveau patron de la FNAC, nous avait d’ailleurs confié être favorable à la loi, « mais appliquée à tous les opérateurs y compris ceux opérant hors de France« , ce qui semble difficilement envisageable.
On a vu aussi et surtout meilleure politique culturelle.
L’absence de concurrence sur le prix du livre tend en effet à le maintenir au plus haut, à un niveau qui rend la littérature élitiste, et qui concentre les ventes sur une poignée de best-sellers. Si un même budget ne permet d’acheter qu’un seul livre au lieu de quatre, le livre le plus médiatisé a plus de chance d’être vendu que le livre édité par une maison d’édition sans force de frappe. C’est la dictature du Goncourt.
Mais la situation est pire encore si les éditeurs, non contents d’imposer un prix unique pour les livres qu’ils éditent, se mettent d’accord entre eux pour ne pas se faire la guerre sur le prix des livres numériques. Or c’est justement ce que suspecte la Commission Européenne. 01Net révèle que les services de la concurrence de Bruxelles ont procédé lundi à plusieurs perquisitions aux sièges d’éditeurs français, pour « inspecter les dossiers, ordinateurs portables, tablettes et téléphones mobiles« . Albin Michel, Hachette, Flammarion, et Gallimard font partie des éditeurs visés par l’enquête qui porte sur une possible entente sur le prix de vente. Ce qui est illégal au regard du droit de la concurrence.
Interrogé par nos confrères, le président d’Albin Michel montre tout le mépris de l’éditeur pour la culture à moindre prix. « Cette opération est téléguidée par Amazon. Ils se sont installés au Luxembourg pour ne pas payer la TVA en France et ils voudraient pouvoir vendre les livres à n’importe quel prix comme ils le font aux Etats-Unis, en proposant des best-sellers à 9,90 dollars. Mais ils n’auront pas nos fichiers !« .
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