Interview après cette vidéo du discours de clôture prononcé par Rick Falkvinge, le créateur du Parti Pirate suédois
https://youtube.com/watch?v=9ps3i32795o%3Frel%3D0
Numerama.com : Vous étiez le week-end dernier à Friedrichshafen où s’est tenue la Conférence du Parti Pirate International (PPI). Quel était l’objet de cette conférence ?
Paul Da Silva : Le PPI est une association qui reconnait les Partis Pirate du monde comme étant du mouvement Pirate. N’importe qui peut créer un Parti Pirate dans le monde, nous n’avons pas la propriété du nom ni des idées, mais le PPI tient une liste des Partis qui ont été reconnus par leurs pairs comme étant de la même mouvance qu’eux-mêmes. Le PPI regroupait 22 pays et a accueilli quatre nouveaux membres cette année. Le Maroc, la Nouvelle Zélande, le Canada et la Slovénie portent ainsi le nombre de membres officiels à 26 pays pour près de 50 existants au total et sur tous les continents.
Chaque année le PPI se réunit ainsi pour décider de modifier les statuts de l’association, organiser des rencontres entre ceux qui travaillent toute l’année ensemble grâce aux nouvelles technologies et accepter de nouveaux membres dans cette « grande famille ».
Quelles ont été les principales décisions prises et les évènements marquants cette année ?
Au delà des nouveaux pays acceptés et reconnus par leurs pairs, un renouvellement presque total du bureau et du board (conseil d’administration) a été voté. La nouvelle tête du PPI est résolument internationale et, on l’espère représentative de tous ceux que nous avons à cœur de représenter en politique.
Co-Chairman: Samir Allioui (PP-NL)
CO-Chairman: Marcel Kolaja (PP-CZ)
Treasurer: Patrick Mächler (PP-CH)
Chief Administration Officer: Lola Voronina (PP-RU)
Board Member: Finley Archibald (PP-UK)
Board Member: Thomas Gaul (PP-DE)
Board Member: Paul Da Silva (PP-FR)
Une cour d’arbitrage a aussi été élue afin de résoudre les éventuels problèmes entre Partis Pirates pour que les idées puissent être mises en avant et les conflits éventuels résolus de façon diplomatique sans impacter la circulation des idées. Là encore les sept personnes qui composent cet organe sont issus de sept pays différents. En France, Maxime Rouquet (candidat historique du PP dans les Yvelines, ndlr) a été élu pour faire parti de cette cour.
La grande majorité du temps a été organisée en workshops ouverts sur des sujets proposés par les Pirates de tous les pays. Cette organisation nous a permis de travailler plus encore de façon internationale sur des sujets que l’on a l’habitude de traiter de façon nationale ou avec d’autres personnes que ceux présents à Friedrichshafen. Parmi les sujets proposés : la transparence, la démocratie liquide, la démocratie dans les pays Nord-africains (workshop animé par un des dirigeants du PP Marocain), la situation de Bradley Manning, … A l’issue de ces workshops une documentation par sujets a été produite et les résultats seront bientôt rendus publics.
Pour finir la transparence totale des comptes du PPI a été votée.
Existe-t-il un programme commun entre tous les PP ?
Si les idées fondatrices sont communes, les programmes sont spécifiques aux pays pour des raisons évidentes. C’est une démarches que l’on essaye de reproduire à l’échelle nationale avec des sections locales indépendantes dans leur fonctionnement mais qui bénéficient de notre réseau national. Imposer un programme à l’échelle internationale ou nationale serait une erreur d’appréciation des spécificités nationales et régionales qui existent.
Cependant le fait de travailler ensemble à l’échelle internationale nous permet de faire évoluer les programmes de tous les pays en fonction de ceux des autres. Copier n’est pas voler.
Après un succès qui a envoyé un député au Parlement Européen, le PP Suédois semble avoir perdu de son aura et de son électorat. Est-ce un sujet d’inquiétude ?
Si le PP Suédois a déçu, ses membres les premiers, il est bon de constater que le PP Allemand est quant à lui en constante progression et vient par exemple de renouveler son score de la précédente élection sur le Bundesland d’Hamburg avec plus de 2% des suffrages exprimés, soit plus de 70.000 votes.
L’approche est globale, les scores des uns motivent les autres lorsqu’ils sont bons, mais n’impactent en rien la motivation lorsqu’ils sont moins bons : le PP a un rôle à jouer en politique et entend bien mettre toutes les chances de son côté, dans tous les pays où il est présent.
Nous faisons face chaque jour à des politiciens qui ne comprennent pas les problématiques qui nous préoccupent et qui, pour beaucoup, refusent même de s’y intéresser. Les libertés fondamentales que défend le Parti Pirate devraient être la pierre angulaire de tous les programmes et de tous les partis. Dans la pratique on constate un recul de nos libertés alors que le contexte, notamment technologique, voudrait au contraire que celles-ci progressent.
Où en est le Parti Pirate français ?
Après un début de plusieurs années difficile nous avons en octobre dernier élu un nouveau conseil d’administration et un nouveau bureau. Les gens qui le composent travaillent ensemble dans l’intérêt des idées et la recherche du consensus est devenu la règle en cas de souci – ce qui n’exclue pas quelques flamings par mail mais dans l’ensemble l’ambiance de travail est saine. C’est une renaissance pour un Parti Pirate désormais efficace et qui tient à se faire entendre sur les sujets qui le préoccupent. A cet effet, un certain nombre de mesures sont en cours de développement pour donner encore plus de pouvoir à nos membres et pour leur faciliter la prise d’initiative ou la suggestion de points de programme.
Combien de membres comptez-vous au sein du Parti Pirate Français ?
Pour ce qui est des adhésions, je n’ai pas le chiffre exact, étant très stricts sur les notions de vie privée de nos membres seuls le trésorier et le secrétaire ont accès à cette liste. Pour donner un ordre de grandeur cela doit représenter 150 personnes actuellement. Les adhésions progressent chaque semaine et nous permettent d’espérer atteindre très vite une taille intéressante à la fois pour nous et pour nos membres. Dans un soucis de transparence ce chiffre devrait bientôt être communiqué à tous, directement sur le site du PP.
Un signe fort de cette évolution du PPFR est son entrée au board et à la cour d’arbitrage du PPI, prouvant sa reconnaissance à l’échelle internationale. Rick Falkvinge (créateur du PP suédois, ndlr) a personnellement salué le travail du PPFR ce week-end et se réjouit de le voir ainsi aller mieux.
Dans un futur très proche (le temps de mettre en place des outils appropriés) nous allons travailler avec d’autres PP et des associations ou groupements citoyens de toute nature afin de faire avancer encore un peu plus les choses, de toucher aussi ceux que l’engagement politique effraie (à juste titre) et d’essayer de partager toujours plus de connaissances et de valeurs avec ceux qui nous entourent et se sentent concernés par les domaines que nous tenons à défendre.
Quelque chose à ajouter ?
Si nous pouvons ainsi nous réunir et partager avec des gens du monde entier c’est avant tout parce que les gouvernements du monde bafouent nos droits, piétinent nos libertés, la plupart du temps sur des motifs fallacieux (sécurité, droit d’auteur, pédopornographie, …). Maintenant que nous sommes là, par la force des choses, nous n’aurons de cesse d’avancer vers le monde politique et la représentativité parlementaire afin que ces atteintes à nos libertés reculent. Pour citer Rick Falkvinge, « nous n’avons pas choisi la politique, nous y sommes venus par la force de nos idées« .
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