Au Canada, une abonnée au MMORPG World of Warcraft a alerté l’instance de régulation canadienne des télécommunications sur les pratiques de Rogers, son FAI. Elle l’accuse de restreindre par erreur World of Warcraft en le confondant avec du trafic P2P. En effet, les principaux opérateurs canadiens brident le P2P sur les réseaux.

C’est sans aucun doute une démonstration supplémentaire de l’importance de la neutralité des réseaux pour l’Internet. En 2009, les cinq principaux fournisseurs d’accès à Internet canadiens avaient reconnu, sous la pression du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qu’ils bridaient les échanges peer-to-peer sur les réseaux. Or, il s’avère qu’une telle mesure affecte d’autres activités sur Internet.

Dans une plainte (.pdf) déposée devant la CRTC en février dernier et reprise par Ars Technica, la Canadienne Teresa Murphy a accusé son FAI, Rogers, de brider le débit des internautes lorsque certains applications sont actives. Selon la plaignante, abonnée à World of Warcraft, les techniques d’inspection de paquets de données (DPI – Deep Packet Inspection) combinées à une limitation du débit ne sont pas efficaces.

« Je ne fréquente absolument pas les réseaux P2P, et pourtant je suis concernée par ce problème parce que Rogers considère à tort mon trafic vidéo-ludique comme du P2P. Pour ma part, ça m’est égal que le P2P soit limité, sauf que les filtres de Rogers sont si mauvais qu’ils confondent le P2P avec le reste, rendant de nombreuses autres applications complètement inutilisables » a écrit la plaignante.

« Ce n’est pas juste pour les abonnés de Rogers qui paient pour un service qu’ils ne peuvent même pas utiliser » a-t-elle ajouté. En effet, l’opérateur canadien inspecte les paquets de données qui transitent sur son réseau pour limiter le trafic ascendant (upload), que le réseau soit congestionné ou non. Les quatre autres FAI, Bell, Cogeco, Eastlink et Shaw utilisent eux aussi du DPI.

La réponse (.pdf) du FAI au problème soulevé par Teresa Murphy a été communiquée la semaine dernière au CRTC. Visiblement, les effets néfastes du DPI sur les autres activités en ligne, comme le jeu vidéo, ne seront pas résolus avant plusieurs mois. « Nos tests ont déterminé qu’il y avait un problème avec notre équipement de gestion de trafic qui peut interférer avec World of Warcraft » a expliqué le FAI.

« Nous avons contacté le fabricant du jeu et nous avons oeuvré avec notre fournisseur technique pour surmonter ce problème. Nous avons récemment introduit une modification logicielle pour résoudre les difficultés que rencontrent nos clients avec World of Warcraft. Cependant, il y a eu des changements récents dans le jeu, ce qui a créé de nouveaux problèmes. Un nouveau correctif ne sera pas prêt avant juin ».

Pour faciliter le transfert de mises à jour et de contenus supplémentaires, Blizzard – le développeur de World of Warcraft offre depuis plusieurs mois déjà la possibilité d’activer les téléchargements par peer-to-peer. Il suffit d’activer le lanceur du jeu, de se rendre dans les options puis dans les préférences des téléchargements. Ensuite, il faut cocher « Autoriser le transfert P2P ».

Pour justifier la réduction de la largeur des tuyaux de peer-to-peer, très consommatrices en bande passante, Rogers avait expliqué en 2008 avoir pris cette décision afin de garantir la fluidité des communications pour l’ensemble de ses abonnés. En effet, ces derniers seraient impactés par les internautes qui consomment le plus de bande passante. Quitte à se faire juge de ce qui est bon et mauvais sur le réseau.

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