Google préfère limiter la publicité ciblée avec ses propres outils. C’est en substance le message que fait passer la firme en refusant d’adhérer – pour l’instant – au programme Do Not Track. Firefox et Internet Explorer ont intégré cette fonctionnalité, et Safari prévoit de le faire. Chrome risque de se retrouver isolé sur ce terrain, ce qui pourrait desservir ses intérêts.

La pression s’accentue sur Google. Alors que la fondation Mozilla, Microsoft et Apple ont déclaré soutenir le programme Do Not Track, le géant américain n’est visiblement pas pressé de suivre le mouvement en l’intégrant dans Chrome. Au risque de se retrouver isolé parmi les principaux éditeurs de navigateurs web. Seul Opera Software semble pour le moment sur la même longueur d’onde que Google.

Concrètement, le programme Do Not Track (« ne me pistez pas ») est une technologie qui permet aux internautes de se retirer (opt-out) du suivi effectué par des tiers, dans le cadre du ciblage comportemental. Il s’agit d’une fonctionnalité intégrée aux navigateurs web (comme Firefox 4 ou Internet Explorer 9) qui permet d’indiquer aux sites web si les internautes souhaitent ou non être visés par de la publicité personnalisée.

À la place, Google préfère soutenir un autre dispositif baptisé Keep my Opt-outs. Conçu par Google pour Chrome, le module doit fournir peu ou prou la même protection que Do Not Track. « Nous continuons de proposer le plug-in Keep my Opt-Outs pour Chrome… qui permet déjà de retirer de façon permanente les utilisateurs des annonces publicitaires ciblées » a commenté Google.

Refusant d’indiquer si Chrome rejoindra n jour le programme Do Not Track, le porte-parole de Google a néanmoins salué les efforts entrepris par les différents participants, ajoutant que la société restera étroitement impliquée sur ces sujets. La porte n’est donc pas totalement fermée, même si cette fonctionnalité pourrait aller à l’encontre des intérêts de Google, dont les revenus sont issus en majorité de la publicité.

Google est sur la corde raide. Si le groupe ne veut pas mettre en péril ses ressources financières, il ne veut pas non plus faire fuir les utilisateurs de Chrome vers d’autres navigateurs web. Surtout au moment où celui-ci gagne toujours plus de parts de marché dans les différentes régions du monde. Chrome a une véritable valeur stratégique aux yeux du géant américain.

C’est d’ailleurs le directeur financier du groupe, Patrick Pichette, qui l’a rappelé lui-même, la semaine dernière. Google pousse fortement le marketing autour de Chrome parce que c’est l’assurance pour l’entreprise que l’internaute est captif de Google. « Le temps consacré à Chrome par chaque utilisateur a une valeur très importante » pour Google, a complété Nikesh Arora, responsable commercial.

Cette semaine, c’est la Federal Trade Commission (FTC) qui est montée au créneau pour critiquer la position passive de Google sur ce sujet. Son président, Jon Leibowitz, estime que l’entreprise – si elle va a priori dans la bonne direction – n’évolue pas autant qu’elle le devrait, a-t-il fait savoir dans un entretien accordé au site américain Politico.

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