La montée en débit d’abord, l’arrivée de la fibre optique ensuite. L’Arcep a rappelé lors d’un entretien avec La Tribune être favorable à une montée en puissance des débits par étapes. Les zones rurales, souvent délaissées, doivent d’abord profiter d’une connexion plus puissante. L’Autorité de la concurrence penche plutôt pour le contraire.

Le déploiement du très haut débit est loin d’être uniforme sur le territoire français. Alors que les fournisseurs d’accès à Internet rivalisent d’annonces fracassantes sur la fibre optique, les régions rurales seront vraisemblablement les dernières à en profiter vraiment. Pour éviter d’aggraver la fracture numérique, l’Arcep recommande donc en attendant de pousser les débits dans ces zones.

« Tout le monde constate que la situation du haut débit en France est satisfaisante. Mais il y a de très grandes disparités territoriales » a expliqué Jérôme Coutant à La Tribune. Dans certains départements, « seule la principale ville est dégroupée, le reste du territoire disposant au mieux d’un service de base avec une seule offre » privant les habitants de la téléphonie sur IP ou de la télévision sur ADSL.

Il y a pourtant un besoin immédiat et un réel désir d’accéder à des débits plus importants dans ces zones rurales. Pour l’Autorité des télécommunications, il est ainsi nécessaire de passer par une étape intermédiaire, la montée des débits. Cela « permet de rapprocher la fibre des abonnés« , en réduisant la portion en cuivre du réseau téléphonique pour augmenter les performances de l’ADSL.

Jérôme Coutant a relevé un curieux paradoxe au sujet de la fibre optique. « En ville, où les opérateurs déploient massivement, les utilisateurs ne sont pas très enclins à s’abonner à la fibre, parce qu’ils ont un très bon ADSL, alors qu’en zone rurale, où de nombreux services physiques ne sont pas accessibles, les gens sont prêts à souscrire tout de suite« .

C’est tout à fait juste. Un citadin bénéficiant d’une offre ADSL de 5, 10 ou 20 Mbit/s ne percevra pas immédiatement l’intérêt de passer à la fibre optique dans la mesure où la plupart de ses activités en ligne se réalisent très bien avec son débit actuel. Hormis quelques usages très spécifiques, l’intérêt de passer d’une grosse connexion à une très grosse connexion est très relatif.

Ce n’est pas sans poser quelques défis aux opérateurs, parce que les régions rurales sont moins densément peuplées et donc apparaissent moins intéressantes commercialement. Si l’on se base pourtant sur la lecture de l’Arcep, le taux d’équipement au très haut débit dans ces contrées devrait être un peu plus fort que celui attendu dans les grandes villes de France. Les investissements ne sont toutefois pas les mêmes.

« L’équation économique pour les investissements tant privés que publics est donc meilleure qu’il n’y paraît dans les zones moins denses. Le basculement rapide dans l’ère de la fibre est une stratégie gagnante à tous égards » a terminé Jérôme Coutant. Rappelons toutefois que l’Autorité de la concurrence a rendu un avis l’an dernier dans lequel elle recommande autant que possible de privilégier la fibre optique plutôt que la simple montée en débit.

« Le déploiement d’un nouveau réseau en fibre optique jusqu’à l’abonné est préférable« , dans la mesure où « la fibre est technologiquement plus performante et pérenne, et que le déploiement d’un nouveau réseau constitue une opportunité unique pour permettre aux opérateurs alternatifs de s’affranchir du réseau de l’opérateur historique » a-t-elle expliqué.

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