Les débuts du Conseil national du numérique sont difficiles. Alors que l’instance a été officialisée ce matin en Conseil des ministres, elle essuie des critiques de tous les côtés. L’UFC-Que Choisir, l’April et la Quadrature du Net critiquent en particulier l’absence de diversité, puisque les membres actuels sont des entrepreneurs ou des opérateurs.

Le Conseil national du numérique est né. Éric Besson, le ministre en charge de l’économie numérique, a présenté lors du Conseil des ministres (.pdf) de ce mercredi 27 avril le décret créant cette nouvelle instance consultative. Le rôle du Conseil national du numérique, composé pour l’heure de dix-huit membres, sera « d’éclairer le gouvernement sur les questions touchant au numérique« .

En particulier, le CNN devra « formuler, à la demande du gouvernement, des avis sur les projets de disposition législative ou réglementaire susceptible d’avoir un impact sur l’économie numérique« . Par ailleurs, cette jeune instance aura la possibilité « de formuler des recommandations en faveur du développement de l’économie numérique et de contribuer au développement de la réflexion sur ce secteur« .

Comme prévu, le Conseil national du numérique écarte non seulement les représentants des consommateurs mais également les ayants droit de la filière culturelle. Seuls les entrepreneurs, les opérateurs ou les sociétés liées au monde numérique pourront siéger au sein de cette instance. Lors de son discours, Nicolas Sarkozy a rappelé que les consommateurs et les ayants droit avaient déjà leurs propres organes consultatifs.

Malgré son objet, le Conseil national du numérique a été fraichement accueilli. Le porte-parole de la Quadrature du Net considère ainsi que cet espace de discussion « n’est qu’un écran de fumée pour tenter de faire oublier le bilan calamiteux de Nicolas Sarkozy en matière d’Internet à l’approche des élections« . « Ce ‘machin’ de plus, où les citoyens ne sont même pas représentés, ne pourra jamais être légitime« .

« Le président et ses gouvernements se sont systématiquement assis sur nos libertés, avec l’Hadopi, la Loppsi ou les appels à l’interdiction de Wikileaks. Ils n’ont pour seule vision que l’Internet ‘civilisé’, contrôlé par les grandes entreprises et l’Etat sécuritaire » regrette Jérémie Zimmermann. Même son de cloche du côté de l’April, où son délégué général note l’absence de la société civile.

« Après son implication dans la loi DADVSI, le vote des lois Hadopi et Loppsi sous sa présidence, Nicolas Sarkozy lance une opération de diversion à un an de l’élection présidentielle. Et cette opération de reconquête (le CNN, et le G8 consacré à Internet à venir) semble concerner exclusivement les acteurs économiques de l’Internet » explique Frédéric Couchet.

« En 2007, le candidat Sarkozy voulait  » faire de la France une grande nation numérique « . Le président de la République laissera l’image d’un chef de l’État déconnecté des réalités d’internet et du numérique » tranche l’association en faveur des logiciels libres. Le président de l’UFC-Que Choisir s’est également montré particulièrement critique envers le CNN la semaine passée.

« Malgré l’enjeu, la société civile est exclue de cette instance. On n’y retrouve qu’une belle brochette de stars de l’économie numérique. […] Ni parlementaire, ni représentant des consommateurs ! […] Le risque, de toute évidence, est d’être écoutés poliment mais pas entendus ! Le tout jeune CNN pourra alors être rebaptisé Chambre des Nababs du Numérique« .

Ou « MEDEF du net« , comme le suggère le directeur général de la SACD, Pascal Rogard. Rappelons que le rapport préalable à la création du Conseil national du numérique demandait qu’on tienne compte « de la diversité du secteur afin de couvrir la complexité de la chaîne du numérique« . Reste à savoir quelles orientations prendra le Conseil national du numérique alors qu’il commence tout juste à fonctionner.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !