Alors que le ministre de l’éducation Luc Chatel annonçait hier que Facebook s’était engagé à fermer les comptes des élèves convaincus de harcèlement, le réseau social nous indique qu’aucun accord n’a été conclu. Les discussions ne semblent même pas avoir commencé.

Mardi, lors des assises sur le harcèlement à l’école, le ministre de l’éducation Luc Chatel a réussi un joli coup médiatique en annonçant que les élèves qui harcèlent leurs camarades seront privés de Facebook :

« C’est à la question du harcèlement sur Internet que l’on doit s’attaquer plus fortement en fournissant des outils aux chefs d’établissement. Je veux vous annoncer que nous allons construire un partenariat avec Facebook, pour faire en sorte que ce réseau social reste un espace de convivialité où les harceleurs de peuvent plus poursuivre impunément leurs victimes. Je remercie donc les responsables de Facebook qui s’engagent aujourd’hui à nos côtés. C’est la démonstration que la lutte contre le harcèlement constitue l’une de leurs priorités.

La solution que nous avons mise au point est simple. Nous signalerons systématiquement à Facebook les élèves qui auront été convaincus de harcèlement sur ce réseau, et ils verront leurs comptes Facebook fermés »

A entendre le ministre de l’Education, les choses étaient donc entendues et bouclées, en concertation avec Facebook.

Mais pas du tout.

Facebook a usé d’une langue très diplomatique pour nous expliquer que rien n’était en fait acté, et qu’il n’y avait même aucun contact avec le ministère. « Mardi, le gouvernement français a fait connaître son intention de travailler en partenariat avec Facebook et en coordination avec e-enfance et la CNIL. Le Ministre de l’éducation souhaiterait coordonner et signaler toute tentative de harcèlement avec l’aide de la CNIL et des associations, telles que e-enfance pour signaler les problèmes de harcèlement sur Facebook« , nous explique le réseau social.

Il n’y aurait donc aucun accord, mais bien la simple application par le ministère des procédures déjà existantes de signalement de comportements abusifs ? « En effet, à ce jour, aucun accord n’a été signé, mais Facebook est à la disposition du gouvernement avec e-enfance et la CNIL pour appréhender cela« .

Rappelons aussi que les cas de « cyberbullying » sont beaucoup plus rares que ce que laisse entendre le gouvernement. L’an dernier, la CNIL avait dénombré seulement « 30 plaintes reçues au cours des derniers mois« , toutes victimes confondues (élèves ou non).

Mise à jour :

Après la publication de cet article, Facebook nous a transmis une réaction officielle : « Facebook travaille avec les gouvernements et des associations qui luttent pour la sécurité en ligne dans plusieurs pays pour palier le problème du cyber-harcèlement. Nous sommes ravis de pouvoir travailler avec le Ministère de l’Education Nationale et d’autres organisations en France sur cette question. Cette initiative permettra d’aider les gens en France en leur fournissant des ressources, telles que le Centre de Sécurité de Facebook (Facebook Safety Center) – www.facebook.com/safety.com ainsi que le système de signalement d’abus disponible via des liens sur le site de Facebook. Nous travaillerons également avec nos partenaires pour répondre efficacement à des cas où des utilisateurs français ont été poursuivis en justice suite à des tentatives de cyber-harcèlement.« 

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