Il y a un an, un apéro géant organisé via Facebook à Nantes s’était terminé par un terrible drame. Un jeune homme, beaucoup trop éméché pour tenir en équilibre avec ses 2,4 grammes d’alcool dans le sang, était tombé d’un pont et s’était tué. L’affaire avait été énormément médiatisée, dans une forme de procès grotesque contre les apéros Facebook. Le gouvernement avait même songé à les faire interdire.
A l’époque, nous nous étions élevés contre ce traitement médiatique absurde qui s’attaquait aux festivités. « Sur 10.000 participants, 9.999 se sont réunis dans une ambiance festive sans le payer de leur vie. Nous sommes sincèrement désolés de devoir briser le ton politiquement correct qui s’impose dans le respect de la douleur des familles, mais le fait qu’un jeune homme se noie dans l’alcool et décide de grimper sur la balustrade d’un pont sous les yeux d’un ami n’est pas la faute d’un apéro géant organisé sur Facebook. C’est la faute de l’imbécilité d’un jeune homme qui n’a pas su s’arrêter de boire et qui a pris le risque de ne pas avoir la lucidité de réaliser l’extrême dangerosité de ses démonstrations nocturnes d’équilibriste« , écrivons-nous.
Depuis, la proposition de loi déposée par Marc Le Fur pour encadrer les apéros Facebook est tombée aux oubliettes. Et c’est tant mieux. Par ailleurs le gouvernement avait affirmé avoir contacté Facebook pour qu’il supprime les appels à manifestations non déclarées en préfecture, et pour en identifier leurs auteurs, mais ça n’a jamais été suivi d’effet.
Preuve en est l’attitude de la préfecture de Loire-Atlantique. Des Nantais ont proposé d’organiser mercredi soir, Place Royale à Nantes, un nouvel apéro géant. « Bien sur cet évènement a pour unique but que de faire la fête tous ensemble et nous demandons a TOUT LE MONDE de respecter les autres et l’environnement afin que ceci puisse se reproduire à nouveau ! Donc soyez raisonnable SVP !« , peut-on lire sur l’appel lancé sur Facebook. Il demande à faire « péter les scores du plus grand apéro géant réalisé dans un lieu publique« . A l’heure où nous publions ces lignes, plus de 7500 personnes sont inscrites à l’évènement.
Plutôt que de faire supprimer la page, ou d’interdire la manifestation au nom de « l’ordre public », la préfecture a préféré utilisé le propre moyen de communication des organisateurs. Ce qui semble être la démarche la plus intelligente qui soit, d’autant qu’elle se veut pédagogique. « Les pouvoirs publics incitent chacun à faire preuve de prudence, de raison et de responsabilité et à reconsidérer sa participation à une manifestation dont les débordements peuvent paralyser les services d’urgence. Ils appellent à la responsabilité et au civisme face aux coûts engendrés pour la collectivité et donc les contribuables (pompiers, SAMU et service d’urgence des hôpitaux, services de police et de gendarmerie, nettoyage des lieux…)« , écrit la préfecture sur le mur de la page Facebook.
Face aux railleries, le représentant de l’Etat persiste : « Des événements festifs sont régulièrement organisés sur la voie publique en Loire-Atlantique. Les organisateurs de telles manifestations doivent proposer un dispositif offrant des garanties suffisantes pour la sécurité des participants. L’anticipation et le dialogue sont nécessaires pour prévenir les risques liés à la santé et à la sécurité, or aucun contact n’a été pris auprès des pouvoirs publics (toute manifestation sur la voie publique est soumise à une obligation de déclaration préalable pour une bonne organisation et de la coordination des parties prenantes) et le créateur de cet événement Facebook refuse malheureusement de répondre à nos sollicitations. »
L’on verra mercredi soir si l’appel à la raison a été suivi d’effet.
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