Un tribunal d’Ankara a ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet le blocage des sites d’hébergement et de téléchargement direct RapidShare et FileServe, apprend-t-on ce lundi par TorrentFreak. Si l’on en croit cette source turque, la décision remontrait en fait au 2 mai 2011. Contrairement à ce que l’on pourrait croire vu de France, la décision n’a rien à voir avec le droit d’auteur.
C’est en effet pour avoir fourni l’accès à des contenus pornographiques et pour avoir violé les droits de la Turquie sur « l’obscenité » que les deux sites sont bloqués. Le pays a des règles très strictes concernant la diffusion de certains contenus, et l’on se souvient pas exemple que YouTube avait été banni pendant 3 ans pour des vidéos sur Atatürk, le fondateur vénéré de la république laïque turque. Des vidéos que Google a remises en ligne pour ne pas céder à la censure.
La censure devrait s’accentuer l’été prochain, comme l’avait expliqué Reporters sans Frontières (RSF) au début du mois :
Reporters sans frontières condamne la tentative du Bureau des Technologies de l’Information (BTK), qui dépend du Premier ministre, d’imposer aux internautes l’usage d’un filtre pour leur accès en ligne.
Selon une décision du 22 février dernier, les utilisateurs d’Internet en Turquie auraient le choix entre quatre options : famille, enfants, domestique et standard. A partir du 22 août, il sera obligatoire d’installer l’une de ces offres sur chaque ordinateur en sa possession. La liste des sites bloqués contenus dans chacun des filtres restera cependant confidentielle.«
Le dimanche 15 mai, une manifestation a réuni à Istanbul des des milliers de Turcs opposés au filtrage obligatoire. « Le gouvernement aura alors la possibilité de savoir quels sont les sites visités par chacun des utilisateurs de l’Internet turc en temps réel… Et aura aussi pour possibilité la censure de tous les articles qui ne plaisent pas au gouvernement islamiste actuellement en place à Ankara« , s’inquiète JSSNews.
Mercredi dernier, un débat a été organisé à l’initiative du Comité de l’Internet du Conseil des technologies informatiques. « Plus de 50 représentants de la société civile et du secteur de l’Internet étaient présents, de même que des responsables de la Tib (Haute Instance des télécommunications). Mais en définitive, chacun est resté sur ses positions« , relate RSF. L’espoir n’est cependant pas perdu, puisque les autorités d’Ankara ont déjà renoncé à un projet récent qui aurait conduit au blocage de tous les noms de domaine utilisant un ou plusieurs des 138 termes interdits.
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