C’est une classification qui pourrait avoir des conséquences importantes sur le marché de la téléphonie mobile. Réunis mardi à Lyon, les membres du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont annoncé (.pdf) avoir classé les champs électromagnétiques de radiofréquence, ce qui implique les téléphones portables, dans la catégorie 2B, qui regroupe l’ensemble des éléments « peut-être cancérogènes« .
« Les preuves, qui continuent à s’accumuler, sont assez fortes pour justifier » la présence du téléphone portable dans cette catégorie, a expliqué à l’AFP Jonathan Samet, président du groupe d’une trentaine d’experts. La catégorie 2B signifie « qu’il peut y avoir un risque, et que nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer » a-t-il ajouté. Quatre autres catégories existent : 1, 2A, 3 et 4, du plus cancérogène au moins dangereux. La catégorie 3 est particulière, car elle regroupe les éléments inclassables.
Le CIRC indique que l’utilisation d’un téléphone mobile peut accroître le risque de tumeur gliale, un type de cancer touchant le cerveau, et de neurinome, une tumeur affectant le nerf auditif. Le CIRC précise qu’il n’a pas pu quantifier avec précision ce risque, mais rappelle qu’une étude réalisée jusqu’en 2004 a montré une augmentation de 40 % du risque chez les gros utilisateurs (en moyenne 30 minutes au téléphone par jour pendant dix ans).
Les travaux du CIRC, basés sur des centaines d’études déjà produites, n’ont pas pu déterminer si l’utilisation du téléphone portable peut entraîner d’autres effets cancérogènes sur l’organisme. Le Centre international de recherche sur le cancer estime qu’il n’était pas possible de le savoir en l’état, indiquant cependant que cette hypothèse n’est pas à écarter. Les scientifiques restent prudents face à un risque probable difficile à déterminer.
Plusieurs études sur les effets du téléphone portable sur l’organisme sont en cours dans le monde. Depuis l’an dernier, des chercheurs européens vont suivre pas moins de 250 000 utilisateurs européens (Danemark, Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) pour évaluer le risque des champs électromagnétiques de radiofréquence sur le cerveau. Il s’agit d’une étude à long-terme, car les conclusions sont attendues dans une trentaine d’années.
« Il est important que des recherches complémentaires soient menées sur l’utilisation intensive, sur le long terme, des téléphones portables. Dans l’attente de la disponibilité de telles informations, il est important de prendre des mesures pragmatiques afin de réduire l’exposition aux ondes » a expliqué Christopher Wild, le directeur du CIRC. Cela va des SMS au kit main-libre, dont l’exposition est dix fois moins importante que l’appel téléphonique.
Sur la question des ondes, la responsabilité des pouvoirs publics n’est pas neutre. Les conclusions du CIRC font écho à celles établies par Interphone, elles-mêmes en phase avec des résultats partiaux publiés en 2008. Face à l’inquiétude croissante des scientifiques et d’une partie de la population, le gouvernement français avait mis sur pied un grenelle des ondes.
Le débat initié par le gouvernement a toutefois montré ses limites, car la responsabilité des opérateurs de téléphonie mobile a été rapidement écartée grâce à l’intervention de l’Académie de Médecine et des experts scientifiques de Bouygues Télécom. Les fabricants des téléphones mobiles en revanche ont été invités à réduire les émissions de leurs appareils et à favoriser l’utilisation du kit main-libre.
Résultat, le gouvernement a mis un terme au grenelle des ondes sans prendre de décision.
( photo : CC BY-NC-ND )
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