C’est une stratégie qui est apparue inefficace ces derniers mois, mais qui continue d’être appliquée avec constance par les régimes autoritaires des pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Après la Tunisie et l’Égypte, c’est au tour de la Syrie de couper l’accès à Internet. Depuis le début de l’année, le pouvoir en place est confronté à une importante contestation populaire. La Syrie tente ainsi de priver les manifestants de ce puissant moyen de communication.
Selon Renesys, une société spécialisée dans l’analyse et la gestion du trafic sur Internet, la Syrie connaît depuis vendredi 3 juin une importante chute de trafic. « Près des deux tiers de l’ensemble des réseaux syriens est inaccessible depuis le réseau Internet. […] Les routes de 40 réseaux sur 59 ont été retirées de la table de routage globale » explique Renesys. Certains sites gouvernementaux restent toutefois accessibles, tandis que d’autres sont indisponibles.
Considérée comme un pays ennemi de l’Internet par Reporters Sans Frontières, la Syrie a mis en place un contrôle centralisé du réseau. « Le contrôle d’Internet est confié à deux organismes gouvernementaux, l’Etablissement syrien des Télécommunications (EST) et l’Organisation syrienne de l’Information (OSI), qui gèrent la bande passante » explique RSF. Cela permet « une surveillance en ligne et un filtrage de sites en repérant des mots-clés interdits« .
À cela s’ajoute une infrastructure globale assez médiocre. « Des problèmes d’engorgement, des ralentissements de connexion et des coupures » sont fréquents. « La vitesse de connexion, très lente, demeure un obstacle majeur à l’utilisation du web« . « D’aucuns pensent que le gouvernement cherche délibérément à maintenir la population à l’écart du web » en évitant d’apporter des améliorations techniques au niveau de l’infrastructure, note RSF.
Depuis le début de l’année, la Tunisie, l’Égypte, la Lybie et d’autres pays ont tenté d’utiliser Internet comme un levier pour casser les manifestations. Sans succès. Le blocage n’a eu aucune incidence significative sur l’ampleur de la protestation, au point que la population est parvenue à chasser en l’espace de quelques semaines Ben Ali et Moubarak. Cependant, le printemps arabe n’a pas réussi depuis à renverser d’autres dirigeants autoritaires.
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