Initiateur du projet GNU et de la licence publique générale GNU, actuel président de la Free Software Foundation, Richard Stallman est réputé pour sa constance dans la lutte contre les mesures techniques de protection (DRM). Alors que les livres électroniques se démocratisent peu à peu, le défenseur du logiciel libre s’est fendu (.pdf) récemment d’un court texte dans lequel il s’attaque aux e-books verrouillés et à la politique d’Amazon.
Contrairement au livre papier, le livre électronique sous DRM est bardé de restrictions. Il n’est par exemple pas possible de le prêter à un proche ou de le revendre. Destinées à lutter contre le piratage, les mesures anti-copie privent l’utilisateur de nombreux usages. La lecture de l’e-book sur un autre dispositif peut ainsi être empêchée, afin qu’il ne soit lisible que par le consommateur.
Des inconvénients que n’a pas le livre papier. Richard Stallman relève que l’achat d’un livre dans une boutique ne nécessite pas de s’identifier au préalable auprès du vendeur. L’utilisateur n’a pas non plus à signer un document qui limitera son utilisation d’une façon ou d’une autre. Aucune technologie propriétaire n’est requise pour lire l’ouvrage, qui peut être scanné et copié, selon certaines dispositions légales.
Dans son combat contre les DRM, Amazon est sans surprise dans la ligne de mire de Richard Stallman. Le site de commerce est l’un des poids lourds du marché du livre électronique et est loin d’embrasser la vision de l’Américain en matière de DRM. Amazon empêche ainsi la copie d’un e-book, techniquement avec le DRM et légalement avec la licence d’utilisation.
Le site de commerce électronique a toutefois cherché à assouplir sa position, en introduisant une fonctionnalité permettant de prêter un ouvrage à un proche. Malheureusement, celle-ci est particulièrement limitée, puisque le destinataire du prêt doit posséder un Kindle (la liseuse électronique d’Amazon, ndlr) ou une application mobile conçue par Amazon. Le prêt dure au maximum 14 jours et l’ouvrage ne peut être prêté qu’une seule fois. Enfin, tous les livres ne sont pas concernés par ce programme.
Richard Stallman rappelle également l’affaire du livre électronique de George Orwell, la ferme des animaux et 1984. En 2009, Amazon avait procédé à la suppression à distance de plusieurs centaines d’ouvrages pourtant achetés sur la plate-forme commerciale. La polémique avait poussé le PDG d’Amazon à s’excuser et à dédommager certains clients lésés. Peu après, le DRM d’Amazon fut cassé par un hacker.
Cette capacité à retirer des ouvrages à distance est, pour Richard Stallman, le signe que l’utilisateur ne sera jamais vraiment propriétaire de son ouvrage. De plus, le consommateur est obligé de décliner son identité pour pouvoir acquérir des livres sur la boutique d’Amazon. Toutes ces raisons suscitent l’ire du programmeur américain, qui invite les utilisateurs à rejeter les livres électroniques tant que les droits et les libertés des usagers ne sont pas respectés.
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