Aussitôt lancée, aussitôt contestée. Alors que la nouvelle campagne publicitaire de la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet (Hadopi) a été dévoilée en début de semaine, les critiques s’accumulent contre elle. Détournée et moquée par de nombreux internautes, la campagne publicitaire Hadopi PUR est désormais attaquée sur un terrain plus politique.
Le Parti pirate a publié ce vendredi un communiqué dans lequel il annonce avoir mis en place une pétition pour réclamer le retrait des spots TV et des affiches. Le mouvement explique que « cette campagne, destinée à protéger la vision caricaturale et obsolète que souhaite imposer l’industrie du divertissement comme étant la culture, est scandaleuse à plusieurs niveaux« .
Rappelons que cette campagne de communication à grande échelle coûtera au total 3 millions d’euros. Elle vise à faire la promotion du label PUR (Promotion des Usages Responsables), qui apparaîtra sur les sites légaux labellisés par la Haute Autorité. Un site web dédié est également prévu. Pour mettre toutes les chances de son côté, la Hadopi compte également s’appuyer sur les maires de France.
Voici les griefs retenus par le Parti pirate :
- Elle instrumentalise l’image d’enfants à des fins de propagande anti-partage de fichiers, sans aucun lien légitime avec la protection de l’enfance, pour toucher la fibre sensible des familles et l’inconscient collectif : le juste combat de la protection de l’enfance contre des actes réellement criminels est détourné.
- Elle met en scène une image sexiste et superficielle des adolescents, très loin de la promotion d’usages responsables.
- Elle dicte une représentation formatée de la création artistique, montrant une grossière caricature de production américaine, et infligeant la vision mercantile et unilatérale de l’industrie du divertissement : comment le ministre de la Culture peut-il cautionner un tel appauvrissement culturel ?
- Elle impose un argument spécieux, sans fondement, purement prospectif et imaginaire : elle nie les études démontrant les aspects positifs du partage de fichiers sur l’économie liée à la culture.
- Elle confisque le débat démocratique équitable sur la légitime question du droit d’auteur et son adaptation à l’ère numérique, par le truchement du matraquage publicitaire, répétitif, envahissant, sans droit de réponse.
- Elle coûte plus de 3 millions d’euros aux contribuables, au profit de diffuseurs et d’ Havas, une agence de pub dirigée par Vincent Bolloré, proche de Nicolas Sarkozy. Les créateurs, par contre, ne bénéficient toujours pas des fonds publics d’HADOPI.
- Elle introduit le concept douteux de pureté dans des pratiques sociales, d’un Internet purifié dans la lignée de l’ » Internet civilisé » de Nicolas Sarkozy, qui n’est pas sans évoquer de funestes souvenirs historiques qui mettent mal à l’aise. Une telle faute de goût, de la part d’une haute autorité de la République, responsable du vivre-ensemble en société, est dérangeante et inacceptable.
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