Mise à jour : le Conseil d’Etat s’est déclaré incompétent ce jeudi après-midi. Le recours devra être déposé devant un tribunal administratif. Selon l’AFP, un autre recours a d’ores-et-déjà été déposé par un lycéen de La Rochelle, au TA de Poitiers.
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L’affaire de la fuite du sujet de mathématiques du bac S, que Numerama révélait mardi soir, est loin d’être enterrée. En réaction, le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel a tenté d’éteindre l’incendie mercredi matin, en annonçant que l’épreuve ne sera pas annulée, contrairement à ce que nous avions estimé être la conséquence la plus logique. Plutôt que d’obliger les candidats à repasser l’examen, le ministre a décidé d’ignorer la question qui a fuité, et de ne pas la noter. Ce qui est une solution évidemment contestable, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord parce qu’avec cette décision, Luc Chatel feint d’ignorer que si le sujet a pu fuiter en partie sur Internet, c’est le signe qu’il a pu aussi fuiter dans sa totalité hors ligne. Dès mardi soir, un internaute se présentant comme le fameux Chaldeen affirmait sur un salon IRC que « vous pouvez être sûr qu’au moins une classe de Terminale S entière possédait l’intégralité du sujet« .
Par ailleurs, le fait de retirer la question de probabilités de l’examen de mathématiques déplaît fortement aux candidats qui ont réussi cette question notée sur 4 points, réputée facile, et moins brillé sur leur reste. Leurs chances d’avoir la moyenne se réduit.
De plus, ceux qui ont bénéficié de la fuite ont pu consacrer tout leur temps aux autres questions, puisqu’ils connaissaient les réponses de la question de probabilité, alors que les candidats qui ont travaillé sur l’ensemble de l’examen ont perdu du temps sur celle-ci. Ce qui remet en cause l’équité entre les candidats.
Dès lors, il n’est pas surprenant de voir qu’un premier recours administratif est déjà déposé en procédure d’urgence devant le Conseil d’Etat, dans l’objectif de faire annuler l’épreuve. « La note de mathématiques en section S est affectée d’un coefficient 7 ou 9: quatre points gagnés peuvent changer la donne pour l’obtention du baccalauréat ou la mention« , explique Me David Dokhan, l’avocat de la lycéenne qui exerce le recours.
Les fraudes ont probablement toujours existé, mais elles étaient jusqu’à présent réservées à un petit cercle d’initiés, très localisé. Or désormais avec Internet, les fuites peuvent bénéficier à des milliers voire des centaines de milliers de candidats. C’est donc peut-être tout le principe du bac qu’il faut revoir. « On voit bien que notre système est en crise, il l’était depuis longtemps, mais il est rattrapé par les nouvelles technologies« , analyse le secrétaire général du syndicat des personnels de direction de l’éducation nationale, dont les propos sur France Inter sont rapportés par Libération. « Ce qui est en cause aujourd’hui, ce sont les modalités de passation des épreuves et l’organisation même de notre examen, qui n’est manifestement plus du tout adéquat« .
A défaut, il est presque certain que de nouvelles fuites auront lieu, l’année prochaine ou l’année suivante. La sécurité et la confidentialité absolues n’existent pas.
« Ca va peut-être étonner. Mais (si j’ai fais ça) c’était tout simplement pour faire chier le monde car je trouve que le bac est une immense comédie« , justifiait mardi soir celui qui se présente comme Chaldeen.
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