En étant le seul autorisé à distribuer des applications pour iPhone, Apple se place dans la situation de devoir arbitrer des conflits, ou au contraire de tout faire pour éviter de s’y mêler. Or les intérêts commerciaux ne sont guère compatibles avec le courage politique, et donc avec la défense de la liberté d’expression. Comme le démontre ce nouvel exemple. Apple a retiré de son App Store une application baptisée « ThirdIntifada », qui comme son nom l’indique appelait à une troisième Intifada de la population palestinienne contre l’occupation israélienne. L’application de langue arabe fournissait des informations sur les manifestations à venir, une sélection d’articles et d’éditoriaux, et des vidéos de chants nationalistes palestiniens.
L’application qui était apparue le 15 juin a été retirée jeudi dernier à la demande du ministre israélien de la Diplomatie publique, Yuli-Yoel Edelstein, qui estimait qu’elle appelait à un comportement violent à l’égard d’Israël. Une accusation que réfutent les Palestiniens, qui appellent à une Intifada non violente et rappellent que le terme évoque des soulèvements populaires, sans nécessairement y associer un caractère violent.
Apple a retiré l’application, officiellement parce qu’elle « viole les lignes de conduite des développeurs en étant offensantes envers un large groupe d’individus« . Mais ce faisant, Apple paraît arbitrer en faveur d’Israël dans un contexte diplomatique très tendu. Les Palestiniens souhaitent en effet demander à l’ONU, en septembre, qu’un Etat de Palestine soit reconnu comme membre à part entière des Nations Unies, sur la base des frontières de juin 1967.
Dans d’autres domaines, moins lourds, nous avons vu le même type de problème posé à Apple lorsqu’il a dû supprimer une application réputée homophobe, ou qu’il a choisi de censurer une application Wikileaks.
Le site IOL, qui rapporte l’information, rappelle par ailleurs que Facebook a également retiré au mois de mars une page Facebook d’appel à la troisième Intifada, qui avait réuni 350 000 membres. Le site américain aurait d’abord refusé de retirer la page. Mais il aurait ensuite accédé à la demande après qu’Israël l’a demandé à Mark Zuckerberg en personne.
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