Les premiers désaccords techniques et idéologiques entre Skype et Microsoft sont-ils en train de voir le jour ? Un peu moins de deux mois après le rachat de la célèbre plate-forme de voix sur IP et de messagerie instantanée par le géant des logiciels, pour 8,5 milliards de dollars, Skype n’a visiblement pas souhaité s’aligner sur la politique de son nouveau propriétaire en matière de vidéo. Le logiciel a en effet opté pour le codec VP8 pour la dernière version de son logiciel, en remplacement du VP7.
La décision a de quoi surprendre, puisque Microsoft a manifesté dès l’an dernier sa préférence pour l’autre codec vidéo du moment, le H.264, qui est soumis à des licences et des paiements de droits sur les brevets. « Nous pensons que le H.264 est un excellent format. Pour le support du HTML 5, Internet Explorer 9 va charger uniquement les vidéos en H.264 » avait écrit en avril 2010 le responsable en charge du développement d’Internet Explorer chez Microsoft.
À première vue, il aurait été donc beaucoup plus logique que Skype, désormais dans le giron de Microsoft, suive la ligne directrice tracée par le géant des logiciels. D’autant que le format VP8 est temporairement passé sous le contrôle d’un des principaux adversaires de Microsoft, Google. En effet, la firme de Mountain View a racheté l’année dernière la société à l’origine du codec vidéo VP8, On2.
Ce format vidéo est par ailleurs utilisé dans un conteneur dérivé du format de fichiers Matroska, le WebM. Ce dernier s’appuie sur le VP8, qui assure l’encodage des flux vidéos, tandis que le format Vorbis s’occupe des flux audios. Placé sous une licence libre assez similaire à la licence Berkeley Software Distribution (BSD), le WebM est un concurrent redoutable pour le format H.264.
En choisissant le codec vidéo VP8 pour son logiciel, Skype s’expose par la même occasion à une éventuelle action en justice. En effet, le consortium MPEG-LA, dont Microsoft est l’un des licenciés, a demandé en début d’année aux industriels qui possèdent des brevets sur les méthodes employées par le codec VP8 et le format WebM de se faire connaître, afin de monter un dossier contre Google et les utilisateurs de WebM.
L’an dernier, le consortium avait déjà cherché à semer le doute dans la tête des industriels tentés de s’intéresser à d’autres codecs vidéos. Le président du MPEG-LA avait ainsi laissé entendre que le VP8 pourrait éventuellement violer les droits des titulaires des brevets qui s’appliquent au H.264. Dans le doute, les industriels feraient mieux d’acquérir une licence partielle pour dormir l’esprit tranquille.
À l’heure actuelle, douze entreprises se sont signalées auprès du MPEG-LA, assurant que certains de leurs brevets couvrent des technologies mises en œuvre au sein du codec vidéo VP8, et donc du WebM. Le consortium n’a toutefois pas indiqué le nombre de brevets en question, pas plus que l’identité des entreprises concernées par une éventuelle infraction de la propriété intellectuelle.
Reste désormais à savoir quel impact aura cette guerre des codecs sur les relations de Skype et de Microsoft d’une part, et sur le choix des codecs d’autre part. Affaire à suivre.
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